Adapter la convention pour mieux protéger les chargé-es de cours

La phase de négociation entre le syndicat des quelque 1 650 chargé-es de cours et la direction de l’Université Laval vient de débuter.

Par Nicolas Lefebvre Legault, conseiller à l’information

Le projet syndical a été déposé le 23 mai dernier, et après quelques rencontres exploratoires, le syndicat s’attend à une réponse de l’employeur sur l’ensemble des demandes en septembre. « Pour l’instant, le climat est encore cordial à la table de négociation, rapporte Christine Gauthier, présidente du SCCCUL, mais ça va être important, cet automne, de voir où la partie patronale loge. »

De gauche à droite : Membres du comité de négociation : Pierre-Charles Tremblay, Claudia Comtois, Suzanne La Vallée, Jonathan Leblanc, Christine Gauthier, Yves Fortin (CCQCA-CSN), président de cette assemblée générale et Louise Néron, secrétaire générale du SCCCUL. Photo : Pierre Lachance


Un projet enraciné

Le comité syndical de négociation a été formé il y a un an. Un gros travail a été fait avec plusieurs consultations, un sondage et une tournée du campus. « On s’est rendu compte qu’il y a énormément de gens en situation de souffrance », explique Christine Gauthier qui constate que les problèmes sont multiples et différents d’une faculté à l’autre. « Il y a soixante personnes qui appliquent la convention et qui l’appliquent différemment selon les choix et les réalités locales », explique-t-elle.

« Nos consultations avec les membres nous ont amenés à proposer plusieurs changements tenant compte de divers problèmes. Nous avons un projet ambitieux dont l’objectif est de bien protéger les travailleurs », explique Christine Gauthier. « On ne propose rien de flamboyant : on veut boucher les trous dans notre convention collective, l’adapter et régler les problèmes ».

Un projet important

Le projet syndical s’attaque à trois grands problèmes. Le premier c’est d’adapter la convention collective aux changements dans l’enseignement, dans le type de cours offert, le mode et l’organisation du travail. « On n’a rien dans notre convention sur les cours à distance par exemple, rien sur les droits d’auteur, on veut corriger cela », illustre Mme Gauthier. « On est prêt à s’adapter, mais ça prend des conditions, un encadrement », précise-t-elle.

La précarisation du travail est un autre enjeu ; « par exemple, la mode est aux cours fractionnés, ça fait en sorte que des gens n’ont jamais le nombre d’heures pour que la convention s’applique, et de plus en plus de cours échappent aux chargé-es de cours », dit Christine Gauthier. Face à la précarité croissante, le syndicat propose plusieurs solutions, notamment, de réduire l’arbitraire et d’uniformiser l’application de la convention collective et d’augmenter la durée du lien d’emploi.

Nous constatons aussi une explosion de la surcharge de travail non rémunérée. Le syndicat constate la même hausse du nombre d’étudiantes et d’étudiants en situation d’handicap que dans les autres secteurs d’enseignement (ex. : collégial). Une situation que la convention ne prévoyait pas et qui commande l’ajout de ressources. En parallèle, il y a une multiplication des grands groupes, et ce, pour économiser. Tout cela amène une gestion de plus en plus lourde pour les chargé-es de cours. Le projet syndical essaie de départager les responsabilités des uns et des autres au plan de la gestion des modalités. Finalement, le projet syndical propose de réviser les ratios pour l’aide pédagogique qui ne reflète plus bien la réalité (ils ne sont adéquats ni pour les très petits groupes ni pour les très grands). « Nous ce que l’on veut, ce sont les conditions pour bien appliquer les pédagogies appropriées aux différentes situations », explique la présidente du syndicat.

Négociation coordonnée

Le Syndicat des chargées et chargés de cours de l’Université Laval participe à la négociation coordonnée de la FNEEQ. Selon Christine Gauthier, le fait d’être plusieurs syndicats, une dizaine, permet d’augmenter le rapport de force et d’obtenir un « effet de négociation ». « C’est différent d’une université à l’autre, mais on consolide la profession et les gains des uns et des autres », explique la syndicaliste. Actuellement, les chargé-es de cours du Québec ont identifié quelques 13 priorités nationales qui vont de la rémunération des différents congés en passant par la stabilisation et la protection de l’emploi.

L’élaboration du projet syndical des chargé-es de cours a nécessité quatre rencontres du conseil syndical. C’est un travail sérieux et étoffé. Le syndicat est content de constater qu’il y a une ouverture du côté de la direction de l’Université Laval qui envoie pour l’instant des signaux indiquant qu’elle veut vraiment négocier. « Nous sommes rendus à l’étape de faire comprendre nos demandes et d’assoir leur légitimité. Nous, on pense qu’on a fait des choix qui sont légitimes, on ne demande rien de farfelu, nos demandes sont certes nombreuses, mais raisonnables et nécessaires », conclut Christine Gauthier.


Extrait du numéro de septembre 2017 du journal