Inquiets de l’avenir de l’Université TÉLUQ alors que celle-ci est en pleine restructuration et menace d’effectuer des mises à pied massives, les tuteurs et les tutrices ont manifesté jeudi devant le siège social de l’université. Ils étaient appuyés par les représentantes et les représentants des syndicats affiliés à la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ-CSN) et du Conseil central de Québec Chaudière-Appalaches (CCQCA-CSN).
C’est lors de leur assemblée générale tenue la semaine dernière, que les membres du Syndicat des tuteurs et des tutrices de la Télé-université (STTTU) ont pu mesurer l’ampleur de la réorganisation initiée par leur employeur depuis plus d’un an. Après avoir transféré à un sous-traitant privé l’encadrement d’environ 37% des étudiants-es provoquant la mise à pied d’une quarantaine de postes de tuteurs et de tutrices, la direction de l’Université TÉLUQ s’est livré à une seconde attaque. Elle crée des « professeurs-es sous contrat », qui reprendront l’encadrement des étudiants-es, une tâche effectuée depuis toujours par les tuteurs et les tutrices. De l’aveu même du porte-parole patronal, ceux-ci vont perdre 75 % de leurs tâches d’ici quelques semaines en raison de la restructuration. Ce chiffre ne tient pas compte des étudiants-es déjà transféré-es au sous-traitant.
Pour Nancy Turgeon, présidente du syndicat, cette décision est incompréhensible. « Qu’un établissement d’enseignement du réseau jette à la rue des enseignantes et des enseignants après 10, 15 ou 25 années de bons et loyaux services est scandaleux! Et ça l’est encore plus si l’objectif est de transférer les emplois à des enseignants nouvellement embauchés ou à un établissement privé d’enseignement », souligne-t-elle.
Un détournement de fonds publics
Selon Yves Fortin, secrétaire général du CCQCA, la sous-traitance dans l’éducation est un enjeu qu’il faut prendre très au sérieux. « L’administration de l’université donne l’impression qu’elle gère une entreprise privée quand en réalité nous parlons ici de gestion de fonds publics et de services à la population. Prendre l’argent public, mettre à pied des gens expérimentés puis transférer cet argent au secteur privé s’apparente à un détournement de fonds », précise-t-il.
Des conséquences sur le diplôme
Cette décision de l’université n’est pas sans conséquence pour les étudiantes et les étudiants. Le temps d’encadrement offert par les nouveaux « professeurs-es sous contrat» sera trois fois moindre compromettant ainsi la qualité des rétroactions essentielles dans la réussite de l’apprentissage à distance.
Il est par ailleurs impossible de savoir de quelle façon le sous-traitant privé, l’Institut Matci, assure la qualité de l’encadrement et de l’évaluation des étudiantes et des étudiants de l’Université TÉLUQ puisque l’entente reste secrète. « La situation est inquiétante. Et même si le Matci est accrédité par le ministère de l’Éducation, c’est la valeur même du diplôme de l’Université TÉLUQ qui pourrait être remis en question », croit, pour sa part, Jean Murdock, président de la FNEEQ.
Pour les tuteurs et les tutrices de l’Université TÉLUQ la renommée de celle-ci a été jusqu’ici irréprochable, mais les récentes décisions prises par l’administration égratignent cependant sa réputation mettant ainsi son avenir en jeu. En cet ère du numérique, la situation est plutôt absurde.