La quarantaine de salarié-es de l’Armée du Salut qui œuvrent au sein de l’Hôtellerie pour hommes et de la Maison Charlotte sont dorénavant représentés par un syndicat CSN. Ce sont des changements à la ressource communautaire bien connue qui ont provoqué la campagne d’organisation.

« Il y a six mois j’étais opposé aux syndicats, je ne pensais pas que c’était pertinent dans le milieu communautaire », nous confie l’un des militants du nouveau syndicat (*). Tout a changé quand l’intervenant a réalisé que les pressions subies par ses collègues étaient en train de provoquer une crise dans l’organisme.

« Quand j’ai vu des collègues en larmes un matin, je me suis dit : ça n’a plus de bon sens, il faut faire de quoi sinon ça va tomber comme des mouches et les clients vont en souffrir », nous explique un militant. En parlant avec ses collègues, il réalise que plusieurs piliers de l’équipe songent à démissionner. « C’est là qu’on a commencé les démarches exploratoires, ça a été très rapide et on avait une forte majorité ». Les gens ont accepté de se syndiquer pour se protéger et se donner du pouvoir sur la situation.

La demande d’accréditation du Syndicat des travailleuses et des travailleurs de l’Hôtellerie pour hommes et Maison Charlotte (CSN) a été déposée le 27 septembre et accordée le 19 octobre par le Tribunal administratif du travail. Une assemblée générale d’organisation, tenue le 7 novembre, a permis d’élire un comité exécutif et un comité de négociation.

Le nouveau syndicat en est à l’élaboration d’un projet de convention collective en s’inspirant de ce qui existe ailleurs. Plusieurs problématiques ont été soulevées par les membres (mais pas encore priorisées). « Il y a un enjeu d’équité au plan salarial, personne n’a les mêmes conditions de travail ni le même salaire », raconte le militant qui précise que les salaires à l’Armée du Salut sont un peu en dessous de la moyenne déjà pas très élevée du milieu communautaire. Autre enjeu : la langue de travail : « L’Armée du salut est une organisation anglophone, une partie du matériel est en anglais, presque tous les officiers et les cadres sont anglophones, certaines réunions sont en anglais, on veut pouvoir travailler entièrement en français. »

Le nouveau syndicat est affilié à la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN), qui représente déjà plusieurs groupes de syndiqué-es travaillant dans des organismes communautaires en santé mentale, en itinérance, en toxicomanie, auprès des jeunes contrevenants, en violence conjugale, etc., et au Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches (CSN), qui regroupe sur une base régionale près de 250 syndicats de tous les secteurs d’activités.

(*) Comme la campagne d’organisation est toute fraîche et qu’il n’y a pas encore de convention collective, nous avons accepté par prudence d’accorder l’anonymat au militant avec lequel nous nous sommes entretenus.


Extrait du numéro de décembre 2017 du journal Le Réflexe