Il y a des jours comme ça, où l’actualité ne cesse de nous surprendre. Ainsi, nous apprenions hier matin, dans Le Soleil, que l’équipe de chercheurs canadiens de l’Arctique, représentée par Louis Fortier, veut faire construire un deuxième brise-glace de recherche et souhaite même aller à l’extérieur du pays pour des questions de coûts et de délais.
Louis Fortier cite le cas du futur brise-glace Diefenbaker de la Garde côtière canadienne, dont la construction sur la côte Ouest est constamment retardée et dont les coûts ne cessent d’augmenter. Nous sommes d’accord, c’est effectivement une grande déception et, disons-le, un gâchis. On ne peut affirmer, comme le fait M. Fortier, que la capacité de nos chantiers navals au Canada est très faible que si l’on oublie qu’il n’y a pas deux, mais trois grands chantiers au pays.
Nous sommes surpris, outrés en fait, de constater que M. Fortier semble croire que la solution aux problèmes de renouvellement de la flotte canadienne est d’aller outre-mer. Il souhaite que ce soit un projet financé en partie par des fonds publics. Cette vision dénote un manque flagrant de responsabilité. Cet argent gouvernemental doit être investi ici et servir non seulement à la recherche scientifique, mais également à la création d’emploi et à l’économie locale. Rappelons qu’il y a bel et bien un chantier naval dans la région qui n’attend que ça des contrats de construction. De plus, Davie vient de prouver qu’il pouvait livrer des navires de haute technologie dans les délais et au coût prévu. C’est tout de même curieux que M. Fortier ne soit pas au courant !
Mesdames, messieurs les député-es, faites-vous entendre !
Les sénateurs québécois ont récemment fait des sorties senties en soutien au chantier Davie et pressent le gouvernement fédéral de lui accorder rapidement des contrats afin d’éviter « l’effondrement inutile d’une grappe industrielle essentielle au Québec, ce qui serait catastrophique aux plans économiques et humains ».
En effet, l’heure est grave. Il y a une pénurie de main-d’œuvre importante dans la région et tous les chantiers navals de l’est du Québec sont à la recherche d’employé-es qualifiés. Si rien n’est fait rapidement, l’expertise acquise au chantier Davie depuis quelques années risque fort de se disperser.
L’Assemblée nationale, les partis d’opposition à Ottawa, les sénateurs, les maires, le milieu des affaires et les syndicats, tous, pressent le gouvernement fédéral d’agir. Que font les 40 député-es québécois du caucus du Parti libéral du Canada ? Pourquoi on ne les voit pas et pourquoi on ne les entend pas ?
Le cas du NGCC Amundsen est emblématique des besoins du Canada en matière de construction navale et ce n’est que la pointe de l’iceberg. Après avoir gavé les chantiers Seaspan et Irving, avec les délais et les coûts hors de contrôle que l’on sait, voilà que l’on ouvre la porte à aller outre-mer pour renouveler notre flotte de brise-glaces. Ne serait-ce pas plutôt une opportunité pour le meilleur chantier naval en Amérique du Nord, le plus grand du Canada ? Que font nos représentants élus ? Qui osera lever la main pour la Davie ?
Ann Gingras, présidente
Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches (CSN)