Le syndicat dénonce des pratiques inacceptables

À la fin d’août, le Syndicat des travailleuses et des travailleurs du CIUSSS de la Capitale-Nationale (CSN) sortait sur la place publique avec de sordides histoires d’abus de pouvoir et d’intimidation dans les établissements du réseau de la santé et des services sociaux. L’histoire a fait grand bruit, et le tour des médias, sans que la partie patronale ne réagisse officiellement auprès du syndicat qui n’entend pas en rester là.


Par Nicolas Lefebvre Legault, Conseiller à l’information

Ce que le syndicat dénonçait 

« Le réseau de la santé et des services sociaux est sous pression: il manque de ressources, il manque de personnel, les gens sont fatigués, la situation est connue », expliquait en conférence de presse Richard Boissinot, président du Syndicat des travailleuses et des travailleurs du CIUSSS de la Capitale-Nationale (CSN), « mais là on en rajoute: on porte à notre connaissance des pratiques inacceptables qui doivent absolument être dénoncées avant qu’elles ne se généralisent ».

« Des cas très précis d’abus se sont produits cet été », révélait Richard Boissinot, « par exemple, au centre d’hébergement St-Augustin, les gestionnaires ont rencontré les employé-es et leur ont dit que s’ils recevaient un appel pendant un congé ou pendant leur fin de semaine de repos, ils étaient obligés de rentrer au travail sous peine de mesures disciplinaires ». Le comble a toutefois été atteint le 22 mai dernier, à Saint-Brigid’s Home, quand des cadres ont carrément fait barrer les portes pour empêcher les préposés aux bénéficiaires présents de partir à la fin de leur quart de travail. Les gestionnaires affirmaient qu’une personne devait absolument demeurer pour la soirée et qu’ils ne pourraient pas partir tant qu’ils n’auraient pas choisi qui devait rester. C’est cette histoire en particulier qui a marqué les esprits des journalistes.

Non contents de faire dans l’abus de pouvoir, certains cadres tombent dans l’intimidation. Ainsi, récemment, un cadre de garde du Jeffrey-Hale a menacé les employé-es d’avoir recours à la police pour ainsi forcer une personne à demeurer à la fin de son quart de travail. Selon ce cadre, refuser de faire du temps supplémentaire équivaut à de l’insubordination.

« Au quotidien, les employé-es subissent énormément de pression pour rentrer au travail et ne pas s’absenter, mais certains cadres poussent la note encore plus loin et exigent que les gens se présentent malgré leur maladie », indique Richard Boissinot. « Par exemple, une gestionnaire a fait rentrer au travail un de nos membres alors qu’il était fiévreux, c’est l’infirmière de garde qui l’a renvoyé chez lui. La cadre voulait lui faire prendre sa température rectale pour être bien certaine qu’il était malade ». Pour éviter de manquer de personnel, certains cadres sont prêts à prendre des risques de contamination.

Pas de réaction patronale

« Il n’y a pas eu de réaction formelle de la partie patronale auprès du syndicat », révèle Richard Boissinot, « ils n’ont fait que nier dans les médias, mais nous n’avons jamais eu d’appel ». Le syndicat, qui avait déjà déposé un grief général le 23 août dernier et des griefs individuels pour dénoncer des cas spécifiques d’abus, n’entend pas en rester là.

« Pour la suite, nous allons interpeller l’employeur », explique le président du syndicat, « on va faire le point lundi matin [le 10 septembre], mais on n’en restera pas là ». « On a jeté une pierre dans la marre, mais notre but n’est pas seulement de dénoncer la situation, on va prendre les moyens pour que ça cesse », conclut Richard Boissinot.  

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Extrait du numéro de septembre 2018 du Réflexe