Le mouvement syndical se joint au large mouvement de mobilisation sur le climat qui traverse le monde depuis un an. Le conseil central appelle à un cortège CSN dans la manifestation étudiante et citoyenne du 27 septembre, à Québec.
Par Nicolas Lefebvre Legault, Conseiller à l’information
Urgence climatique
Ça fait tellement longtemps qu’on en parle que l’on a fini par s’y habituer et ne plus trop y porter attention. On le sait, le climat se réchauffe et ce réchauffement climatique est dû aux activités humaines, notamment la production de gaz à effet de serre (GES). Les conséquences du réchauffement climatique sont désastreuses pour les écosystèmes et les humains qui y vivent. Depuis Kyoto, en 1997, les initiatives internationales se suivent afin de limiter les dégâts et réduire l’émission de gaz à effet de serre. Sans grands résultats, il faut bien le dire. Où est l’urgence, peut-on se demander ?
Selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), il est encore possible d’éviter le pire et de limiter l’élévation des températures à 1,5 °C de plus en moyenne, si on réduit les émissions de gaz à effet de serre de moitié d’ici 2030 et si on atteint la carboneutralité d’ici 2050. Évidemment, impossible d’y arriver sans une transition énergétique rapide, pour diminuer notre dépendance aux hydrocarbures, et un changement drastique dans nos habitudes de consommation et de production.
Au Québec, le gouvernement a adopté des cibles de réduction des gaz à effet de serre de 20 % pour 2020 et de 37,5 % pour 2030, par rapport au niveau de 1990. Malheureusement, il n’y a pas de volonté politique de mettre en œuvre un plan d’action efficace pour y arriver. Pire, certaines orientations gouvernementales semblent être en contradiction flagrante avec les objectifs affichés.
L’an dernier, le 10 septembre 2018, le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a lancé un cri d’alarme en affirmant qu’il restait seulement deux ans pour agir contre les changements climatiques et qu’après, il serait trop tard. « Si nous ne changeons pas d’orientation d’ici 2020, nous risquons de manquer le moment où nous pouvons éviter un emballement du système climatique, ce qui aurait des conséquences désastreuses pour les humains et les systèmes naturels qui nous soutiennent », a-t-il déclaré.
La CSN et l’environnement
Dans la foulée de son 65e congrès qui avait adopté une proposition en ce sens, la CSN vient de rendre publique une Charte de l’environnement. Sous-titrée « pour des travailleuses et des travailleurs soucieux d’un environnement sain et d’une transition énergétique juste », la charte se veut « une déclaration fondamentale qui tient compte de l’urgence d’agir et du nécessaire changement que nous devons opérer. »
La charte s’articule autour de quatre grands axes: le respect et la protection des écosystèmes, l’aménagement durable du territoire, pour une société démocratique, juste, participative et de bien-être et, finalement, pour une transition énergétique juste et écologique. Elle guidera la CSN dans ses prises de position en matière d’environnement, mais aussi plus largement lorsqu’elle se prononcera sur des enjeux de développement social, d’emploi et même de négociation.
Ce n’est pas d’hier que la CSN s’intéresse à la question de l’environnement. La première proposition en environnement, sur la pollution des eaux, a été adoptée en 1961. Depuis le début des années 2000, presque tous les congrès de la centrale ont traité de la question d’une manière ou d’une autre. Gestion des matières résiduelles, gaz à effet de serre, développement durable, mondialisation, préservation des emplois, transition écologique des milieux de travail et protection des forêts et de l’eau ont fait partie des préoccupations au fil des ans. Gageons que l’urgence climatique nous occupera encore pour quelques années à venir.
Le mouvement citoyen
La déclaration d’António Guterres a eu l’effet d’un électrochoc dans de nombreux milieux, principalement dans la jeunesse.
Des initiatives nombreuses, alliant sensibilisation et mobilisation massive, ont eu lieu aux quatre coins du globe. Au Québec, on a pu voir des initiatives comme le Pacte pour la transition, signé par 275 000 personnes, et la formation de collectifs sur le thème « La planète s’invite… » (au parlement, à l’école, à l’université, dans le communautaire et maintenant au travail).
Inspirés par l’initiative de la militante suédoise Greta Thunberg, les étudiantes et les étudiants se sont montrés particulièrement actifs avec des mobilisations tous les vendredis. Le 15 mars dernier, à l’occasion d’une journée internationale de mobilisation, les manifestations furent particulièrement imposantes alors que 150 000 personnes étaient en grève dans les écoles secondaires, les cégeps et les universités québécoises. Fait rare, plusieurs milliers de jeunes ont défilé à Québec alors même qu’ils étaient des dizaines de milliers à Montréal.
C’est pour élargir ce mouvement et augmenter la pression sur le gouvernement que les différents collectifs organisent la mobilisation pour le 27 septembre. À l’initiative du mouvement Earth Strike, des grèves et des manifestations devraient avoir lieu ce jour-là dans 22 pays. Au Québec, la CSN a décidé d’appuyer la tenue de manifestations, il y en aura dans au moins 8 villes, et d’encourager ses syndicats à tenir des activités de sensibilisation dès la rentrée. Le conseil central s’est, quant à lui, joint aux organisateurs de la manifestation de Québec et invite ses syndicats à y participer en grand nombre.
La manifestation à Québec
La manifestation du 27 septembre, à Québec, est organisée par une coalition ad hoc d’une vingtaine de groupes communautaires, d’organisations syndicales et de collectifs étudiants. Il s’agit d’une manifestation « à relais ». Un premier groupe partira des plaines d’Abraham pour en rejoindre un deuxième à l’Assemblée nationale.
Le cortège CSN se réunit à partir de 11 h, au Musée national des beaux-arts (255, Grande Allée Ouest). Le départ est prévu à 11 h 45 en direction de l’Assemblée nationale. N’hésitez pas à vous afficher avec vos banderoles, drapeaux, pancartes, etc.
Les revendications
La manifestation du 27 septembre s’organise autour de quatre grandes revendications :
- S’assurer, à travers des campagnes de sensibilisation régulières, que la population est pleinement informée de la gravité des dérèglements climatiques et de l’effondrement de la biodiversité.
- Adopter une loi climatique qui force l’atteinte des cibles de GES recommandées par le GIEC pour limiter le réchauffement du climat à 1,5 °C.
- Interdire tout nouveau projet d’exploration ou d’exploitation des hydrocarbures, et mettre un terme à toutes les subventions directes ou indirectes aux combustibles fossiles.
- Créer des structures régionales permettant à la population de contribuer à une transition juste et porteuse de justice sociale.
Extrait du numéro de septembre 2019 du journal Le Réflexe