Unibeton Saint-Raphaël
Vers une première convention CSN
Arrivés à la confédération en septembre dernier, les membres du Syndicat des travailleurs de Unibeton Saint-Raphaël (CSN) s’organisent petit à petit et s’apprêtent à négocier leur première convention collective CSN. Nous avons rencontré Jacques Bellemare, le président du syndicat, pour en savoir plus.
« On aborde les négociations du bon côté toujours, » commence Jacques Bellemare, « nos patrons sont prêts à négocier, ils ont hâte même. » Le nouveau président, élu en février dernier, est confiant et trouve que le climat est bon.
Le projet de négo a été présenté aux membres et adopté le 10 avril dernier. « On a pris l’ancienne convention qu’on avait avec la FTQ et on l’a refaite tout en neuf en y allant article par article, » explique le président. Le comité de négociation a préféré procéder ainsi pour une première négociation. « On ne voulait pas partir de zéro et faire une nouvelle convention de A à Z parce qu’on avait peur de manquer le bateau, d’oublier des choses et d’être pris avec pour 5 ans, » explique Jacques Bellemare.
Rattrapage
Le principal enjeu concerne les salaires qui sont plus bas à Saint-Raphaël que dans d’autres installations de la compagnie. « Ils sont plus élevés à Québec et Saint-Marc-des-Carrières qu’à Saint-Raphaël et là on ne parle même pas de Montréal qui est dans une classe à part, » explique Jacques Bellemare, « on a un gros rattrapage à faire. »
Unibeton est aux prises avec un grave problème de pénurie de main-d’œuvre. « On n’a plus de vie nous les travailleurs, » explique le président, « je suis dans mon camion à 5 h et je ne suis pas revenu à la maison avant 19 h ou 20 h parce qu’il manque de monde. » Avec les conditions actuelles, la compagnie n’arrive pas à recruter. « Les jeunes ne veulent plus ça, » croît Jacques Bellemare, « je pourrais travailler dans une shop avec un horaire normal et avoir le même salaire ».
D’une certaine manière, la compagnie reconnaît implicitement que les salaires ne sont pas compétitifs. Avant le changement d’allégeance syndicale, elle avait même tenté d’augmenter unilatéralement de 3 $ de l’heure les salaires des mécaniciens mais cela avait provoqué de la grogne et de la contestation des autres salariés. « Ils étaient passés par-dessus le syndicat et la convention collective alors ça n’a pas passé mais le monde s’en souviennent et ils voudraient ravoir le 3 $, » explique Jacques Bellemare.
Les premières séances de négociation sont prévues les 2 et 3 mai. « On n’a pas encore commencé à négocier alors on ne sait pas si l’employeur sera en demande ni comment ça va se passer, » concède Jacques Bellemare, « mais j’ai un bon feeling, ils ont eu des gros contrats, ils ne veulent pas de grève, ils veulent que ça marche, ça devrait bien aller. »
Un syndicat qui s’organise
En plus d’adopter leur cahier de négociation le 10 avril dernier, les membres du Syndicat des travailleurs de Unibeton Saint-Raphaël (CSN) ont élu un premier représentant en prévention secteur prioritaire ainsi que les membres du comité de santé et sécurité au travail.
« Il ne se passait rien avec l’autre syndicat, à la fin on n’avait plus d’exécutif et il n’y avait plus de représentant dans l’usine, » raconte Jacques Bellemare. « On n’avait rien du tout en santé et sécurité au travail. En plus on est classé ‘’2’’, on est un groupe prioritaire, on l’a su en arrivant à la CSN, personne ne nous avait jamais parlé de ça. »
S’organiser en santé et sécurité porte déjà fruit. « On avait un cas de réclamation à la CNESST; on a monté un dossier avec la CSN et les patrons l’ont retiré, » dit Jacques Bellemare, « ils ne forcent plus là, ils ont des doutes, ils savent qu’ils ne peuvent plus faire n’importe quoi, pour nous c’est un bon signe. »
Extrait du numéro de mai 2021 du journal Le Réflexe