Portraits de syndicalistes
Le Réflexe poursuit la série débutée dans le dernier numéro pour vous présenter et vous faire connaître des syndicalistes de notre région. Voici donc les autres membres du comité exécutif du conseil central.
François Proulx-Duperré
Éducateur au Centre jeunesse de Québec, François Proulx-Duperré est élu pour la première fois dans son syndicat local en 2014. Il participe activement à la campagne de maraudage sur la Rive-Nord dans le cadre des fusions forcées imposées par la réforme Barrette. Par la suite, il s’implique dans le SPTSSS dont il assumera la présidence en 2018, au conseil central et dans sa fédération (la Fédération des professionnèles). Il est élu secrétaire général du conseil central au congrès de 2019.
Celui qui a fait des études en sciences politiques avant de faire une technique d’intervention en délinquance milite depuis l’adolescence. « Ce qui m’a amené à m’impliquer, ce sont les injustices sociales, notamment contre les travailleurs et les travailleuses, mais aussi celles qui touchent les jeunes et les femmes, la cause environnementale aussi », dit-il. C’était l’époque des grands mouvements altermondialistes et antiguerres. « J’étais présent au Sommet des Amériques, c’était un sommet de militantisme pour le jeune homme que j’étais, j’ai toujours continué à militer ensuite que ce soit à l’université ou contre la guerre en Irak. »
« Quand j’ai été embauché au Centre jeunesse, en 2009, j’ai vu que c’était CSN et j’étais content », raconte-t-il, « pour moi, c’est la centrale qui colle le plus à mes valeurs progressistes et humanistes. » Jeune papa, François Proulx-Duperré a fait une longue approche du syndicat. « J’ai participé à des activités, mais ça m’a pris cinq ans avant de m’impliquer à fond et d’embarquer sur l’exécutif », raconte-t-il. Très rapidement, c’est la saga des fusions et du maraudage. « Je me suis retrouvé président du syndicat du Centre jeunesse puis sur l’exécutif transitoire du SPTSSS… à l’automne 2016, hiver 2017, on travaillait 24/7 pour gagner le maraudage », se souvient-il.
En parallèle, François-Proulx Duperré fait ses premiers pas au conseil syndical du conseil central. « Je voulais être actif sur les luttes qui ne touchent pas directement la convention collective et je voyais bien que le conseil central s’impliquait dans les mouvements pour la justice sociale et des combats plus larges comme la Davie », dit-il, « ça répondait à des besoins militants auxquels je ne pouvais pas répondre dans mon syndicat local. » Quand le poste de secrétaire général s’est libéré, François Proulx-Duperré n’a pas hésité, il s’est présenté et a été élu. « Pour moi, c’est une grosse responsabilité d’être secrétaire général, mais c’est aussi un immense privilège de pouvoir participer à tant de luttes sociales », confie-t-il.
« Notre défi des prochaines années ça va être de renouveler notre syndicalisme de combat, de le rendre digeste et de favoriser l’adhésion des dirigeants et des membres des syndicats », croit François Proulx-Duperré, « il y a un renouvellement générationnel dans nos membres, il faut que le syndicalisme puisse s’imbriquer dans les combats de la société civile et résonner pour nos membres. » Selon le secrétaire général, les enjeux de pénurie de main-d’œuvre, de précarité et de mobilité, doublé à la pression de l’urgence climatique, vont amener de nombreux secteurs à se renouveler complètement. « Nous, notre rôle, ça va être de s’assurer que ce soit une transition juste pour les travailleuses et les travailleurs », dit-il.
Où voit-il le conseil central dans 10 ans ? « Comme une force incontournable dans la région au niveau de la défense des droits collectifs des travailleuses et des travailleurs, mais aussi de l’environnement et de la santé des citoyens », dit-il, « il faut faire vivre l’idée que les conditions de travail et les conditions de vie sont une seule et même chose. » « J’espère un conseil central qui aura su intégrer et faire rayonner les travailleurs étrangers, indépendamment de leur statut, et qui saura les défendre », conclut-il, « une force en fait pour défendre tous les petits dont les forces conservatrices font peu de cas, je le vois comme un organisme qui non seulement prends soin de ses membres, mais aussi des non-syndiqués et des laissés-pour-compte. »
Louis Hamel
Chauffeur d’autobus urbain au RTC, Louis Hamel s’implique dans son syndicat à partir de 2010 et est élu trésorier en 2013, poste qu’il occupera jusqu’en 2017. Il est élu trésorier du conseil central en octobre 2018 puis réélu au congrès de 2019.
C’est en suivant l’exemple de son père, toujours très impliqué à droite et à gauche, que Louis Hamel a eu la piqûre. « Ce qui me motive, c’est la justice. Faire respecter nos droits et toujours défendre les intérêts des autres », dit-il, « moi, je suis capable de me défendre, mais quand d’autres personnes ne sont pas capables de se défendre, ça me choque. »
« Quand je suis arrivé au RTC, j’ai assisté à la première assemblée syndicale où je pouvais et j’ai été approché pour le club social », raconte-t-il, « je ne le savais pas à l’époque, mais ça a été un tremplin pour le syndicat ». Louis Hamel a ensuite été élu sur le conseil syndical, où il a été notamment responsable du dossier de la santé-sécurité au travail. Par la suite, il a fait le saut au comité exécutif comme trésorier, poste qu’il occupe également au conseil central.
À l’origine, Louis Hamel ne se voyait pas nécessairement aux finances. « Le trésorier du syndicat s’en allait, des collègues m’ont demandé si ça pouvait m’intéresser, je me suis dit que j’allais essayer », raconte-t-il, « j’ai aimé ça et, honnêtement, trésorier c’est ma place, je ne me vois pas ailleurs, ça va avec ma personnalité. »
« Par la suite, il y a eu une ouverture à la trésorerie au conseil central, ça m’intéressait pour être proche et pouvoir aider les syndicats », dit-il, « c’était un beau défi qui m’était offert, c’était enivrant —je carbure aux défis et ça m’animait— et puis voir la rigueur des finances au conseil central aussi c’était rassurant, on est une belle organisation transparente. »
« C’est une grande fierté pour moi de faire partie de la grande famille CSN », confie Louis Hamel, « ce sont des valeurs comme la solidarité, qui me rejoignent surtout. » Le grand défi pour le trésorier sera de faire vivre et d’incarner ses valeurs. « Il faut pouvoir aider les autres qui n’ont pas nécessairement la force d’avoir des gains », dit-il « que tout le monde ait une vie sans misère. » Louis Hamel croit aussi à la nécessité d’un lien intersyndical fort. « Le défi c’est de vivre ce que l’on prône », croit-il, « il faut arrêter avec ce que j’appelle ‘’l’individualisme syndical’’, il faudrait que les gens lèvent la main pas juste quand on leur demande, que ce soit plus naturel l’implication. »
Son souhait pour l’avenir ? « J’aimerais que le conseil central soit un milieu où les gens se réunissent, qu’ils soient fiers d’être là et n’aient pas peur de s’y identifier », dit-il, « on le sait dans notre région, avec les radios et le climat social, ce n’est pas toujours facile. » Pour Louis Hamel, l’idéal serait que le conseil central devienne une référence syndicale sensée. « On n’est pas des syndicaleux, on est des syndicalistes ! » s’exclame-t-il, « je voudrais que les gens comprennent ce que l’on fait vraiment, qu’on arrive à dépasser les préjugés. »
Pierre Émond
Provenant du secteur alimentaire du CHU de Québec, Pierre Émond commence à s’impliquer dans son syndicat local en 2004. Il participe activement à la campagne de maraudage de 2012, imposée par les fusions forcées donnant naissance au CHU de Québec, puis au comité de négociation national de la FSSS. De retour dans son syndicat local, il occupe le poste de vice-président en santé et sécurité au travail, puis la présidence. Il est élu premier vice-président du conseil central en octobre 2021.
« J’étais un revendicateur et il y a un président qui m’a approché », raconte Pierre Émond, « j’avais de bons arguments et il m’a dit de me présenter et depuis ce temps-là, je suis dans le syndicat. » Le militant a goûté à tout avant d’avoir la piqûre pour le conseil central. « Après toutes mes années de militantisme, après avoir fait le comité de négociation nationale de la FSSS, après avoir été président du syndicat du CHU, j’étais prêt », raconte-t-il, « alors, quand il y a eu une ouverture au conseil central, j’ai dit ‘’je vais tenter ma chance, c’est un nouveau défi’’, c’est très différent le syndicalisme au conseil central avec sa dimension régionale, et puis il y a l’équipe en place aussi avec qui j’ai des affinités, ça aide. »
« C’est sûr que ce qui me motive le plus ce sont les luttes, mais ce n’est pas toujours gai les luttes », explique Pierre Émond, « il y a bien des défis au conseil central, il y a tous les enjeux de SST, il y a aussi le côté communautaire du syndicalisme. » Pour Pierre Émond, le travail du mouvement communautaire est très important. « Il faut pouvoir aller aider le communautaire à relever tous les défis qu’ils ont, ils le font avec tellement peu de moyens », estime-t-il, « ils réussissent à faire de belles choses, il faut le faire connaître et reconnaître, les mettre en valeur. »
« Avec les luttes qui se mènent en ce moment et l’équipe que nous sommes, le conseil central est plus motivé que jamais », croit Pierre Émond, « à cause de la mobilisation, on est pas mal la représentation de la CSN et quand tu regardes le travail régional qui se fait, c’est très important, le défi ça sera de l’amener encore plus haut. »
Après, selon le militant, se pose la question du comment. « On est déjà pas mal partout, il faut réussir à garder la cadence », dit-il, « c’est un travail de tous les jours parce que quand les syndicats évoluent, on évolue nous aussi. »
Extrait du numéro de mai 2022 du journal Le Réflexe