Qui dit congrès dit manifestation de solidarité avec des syndicats en conflit. Ici, en appui aux grévistes de la SQDC. (Photo : Simon Clark)

Appui aux luttes

Se donner les moyens de nos ambitions

Loin de s’assoir sur ses lauriers et de simplement célébrer les victoires, ce qui fut fait et bien fait évidemment, le congrès du conseil central fut également l’occasion de repenser l’appui aux luttes. Histoire de voir ce qui se fait de bien et de voir ce qui peut être bonifié.

Appui mutuel

La multiplication des conflits durant le dernier mandat a permis le retour d’activités de solidarité intersyndicales comme on n’en avait pas vu depuis des années : des syndicats en lutte qui se visitent les uns les autres, des activités conjointes, des manifestations en appui aux grévistes, etc. C’est de ce constat qu’est partie la réflexion sur la façon d’envisager la solidarité au conseil central.

Le congrès a fait le vœu de développer des pratiques afin de renforcer le soutien des syndicats qui ne sont pas en conflit envers les syndicats qui le sont. « On vise un changement de mentalité », explique la présidente du conseil central, Barbara Poirier, « dorénavant on ne va pas juste se mettre en action quand il y a des moyens de pression dans notre propre syndicat, on va aussi appuyer les luttes des uns et des autres. » La pratique est déjà émergente dans la région selon Pierre Émond, le premier vice-président du conseil central, « on la voit déjà se mettre en place comme quand les militantes et les militants de la Davie et du RTC sont allés appuyer les chauffeurs d’autobus de la Rive-Sud ce printemps lors d’une activité de visibilité au garage de la STL. C’est quelque chose, l’appui mutuel dans les mobilisations, que l’on veut développer. »

Visibilité accrue

Un des éléments clé pour permettre à la mobilisation de se développer et de porter fruit, c’est la visibilité et le rayonnement du syndicalisme en général et des luttes syndicales en particulier. Le congrès fut l’occasion d’adopter des propositions afin de développer des outils et des partenariats pour porter encore plus loin cet aspect des services du conseil central.

Au niveau des communications à proprement parler, le conseil central entend renouer son partenariat avec la station de radio communautaire CKIA FM pour augmenter le contenu syndical sur les ondes. De plus, le partenariat avec Le Soleil, qui permet la publication régulière d’articles du Réflexe dans le quotidien, sera officialisé. Le conseil central espère ainsi pallier en partie à l’important déficit de visibilité des luttes syndicales et sortir du cercle des convaincus et de nos chambres d’écho pour s’adresser à la population en général.

Présence terrain

Le conseil central ne sera pas uniquement présent dans les médias, le congrès s’est également assuré d’une présence visible sur le terrain. En effet, le congrès a décidé de procéder à la location d’un véhicule lettré aux couleurs du conseil central, une camionnette, pour l’appui aux luttes.

« Mais ce qui est le plus important, c’est qu’on va mettre nos syndicats en marche », ajoute Barbara Poirier, « même si on avait toute une flotte de véhicules, on ne serait pas plus avancé si on n’avait personne à visiter ! Ce qu’on va faire, surtout, c’est ajouter de l’énergie, c’est vraiment ça qui ressort du congrès : en ouvrant les portes de l’implication et en ratissant plus large, ça va ajouter un vent de fraicheur. On se sert de la conjoncture et de la dernière année pour rebondir. »

Pierre Émond précise : « on voudrait que les syndicats soient actifs et solidaires entre les négociations. Les syndicats sont autonomes, ils ne sont pas isolés, ce qu’on propose c’est juste une façon de les mettre en mouvement ensemble, de créer des liens comme quand nous sommes allés appuyer les lockouté-es de Rolls-Royce. Notre rôle c’est d’être une bougie d’allumage, de redonner le goût de militer, on allume le feu et après les gens ont juste à le nourrir. »

Rendre à César ce qui appartient à César

« On n’est pas meilleur que les autres, on est aussi beaux et fins que nos syndicats le sont. C’est ensemble que tout est possible. »

– Barbara Poirier


Le nerf de la guerre

Moderniser la politique d’appui

Convaincu que l’aspect financier ne doit en aucun cas freiner la mobilisation des syndicats, le congrès a donné le feu vert à une modernisation majeure de la politique d’appui aux syndicats en conflit du conseil central. Un appel aux syndicats a également été lancé pour qu’ils se dotent eux aussi d’une politique d’appui.

Louis Hamel, trésorier du conseil central, explique que la politique du conseil central avait besoin d’une sérieuse mise à jour. « Jusqu’à il y a deux ans, c’était relativement tranquille au niveau des conflits dans la région », rappelle-t-il, « c’est quand on a eu à utiliser notre politique que nous nous sommes rendu compte que ça n’avait pas de bon sens, elle datait de plusieurs années et ça paraissait. L’idée de base c’est de donner aux syndicats les moyens de tenir la minute de plus dans leur conflit, mais c’était illusoire avec la politique qu’on avait. On s’est dit qu’il fallait absolument proposer de la moderniser. »

Faire la différence rapidement

« On s’est inspiré du FDP pour la nouvelle politique d’appui », révèle Louis Hamel, « ce qu’on veut c’est que les syndicats reçoivent du soutien très tôt dans leur conflit, dès le 3e jour. » Dorénavant, le conseil central va donner 1000 $ à tout syndicat au 3e jour de conflit, peu importe sa taille. Après 30 jours, 2000 $ s’ajouteront plus 1 $ par membre participant au conflit et ainsi de suite, tous les 30 jours.

« On n’a pas la prétention que ça va tout changer, mais c’est déjà plus significatif », croit le trésorier du conseil central, « pour que ça ait vraiment un impact et que ça change le rapport de force, il faudrait que d’autres syndicats embarquent aussi. » C’est d’ailleurs le vœu émis par le congrès ; que les syndicats se dotent d’une politique d’appui aux syndicats en conflit. Une telle politique, surtout si elle est accompagnée d’un poste budgétaire clair, permettrait aux syndicats d’agir plus rapidement, sans avoir à passer par une assemblée générale pour faire un don par exemple.

« On le sait que l’argent c’est le nerf de la guerre », ajoute Louis Hamel, « ce qu’on veut c’est encourager les syndicats qui ont les moyens de dépasser le 50 $ suggéré par la CSN. » Pour le trésorier, il s’agit de redonner au suivant. « Aucun syndicat n’est à l’abri d’un conflit », conclut Louis Hamel, « on veut créer un mouvement de solidarité dans Québec–Chaudière-Appalaches comme nulle part ailleurs. » 

Photo : Simon Clark

Moment fort

La question de privilège est toujours un moment fort dans les congrès des conseils centraux. Celui-ci ne fit pas exception. Nous avons reçu de nombreux syndicats en conflit dont notamment les lockouté-es de Bridor et de Rolls-Royce (dont on voit les deux présidents sur la photo).


Extrait du numéro de septembre 2022 du journal Le Réflexe