Portraits de syndicalistes
Le Réflexe poursuit la série de portraits visant à vous présenter et vous faire connaître des syndicalistes de notre région. Après les membres du comité exécutif, nous poursuivons avec vos délégué-es du conseil syndical.
Catherine Caron
Catherine Caron est thanatologue de formation. Embauchée en 2007 à la Coopérative funéraire des Deux Rives, elle partage maintenant son temps entre ses fonctions syndicales, le rôle de conseillère aux familles et celui de thanatologue.
Comment en vient-on à vouloir devenir thanatologue ? « Quand j’étais adolescente, je suivais des séries qui mettaient le métier en scène et ça me fascinait », explique Catherine Caron, « au secondaire on a eu une journée de ‘’métiers en demande’’ et il y avait thanatologue dans le lot, je suis allée voir et ça a vraiment été vraiment un coup de foudre professionnel ! Ça rejoint tellement de choses qui m’intéressent et qui me rejoignent : la biologie, l’anatomie, l’esthétique, la relation d’aide, la psychologie, etc. »
Catherine Caron s’est donc dirigée vers ce domaine. « Je ne savais pas que c’était une technique qui se donnait à Montréal, au Collège de Rosemont, je n’étais pas prête alors j’ai commencé par faire un an au cégep Limoilou avant de partir pour la métropole », raconte-t-elle. À peine sortie du cégep, la nouvelle diplômée se fait embaucher à la Coopérative funéraire des Deux Rives.
La coopérative n’était pas syndiquée à l’époque. « En 2017, ça faisait plusieurs années que ça se jasait, c’était un bruit de fond, mais rien ne se passait », se souvient Catherine Caron, « c’est le mécontentement qui nous a amenés là, on avait levé un drapeau et alerté la direction sur nos insatisfactions, mais ça n’avait rien donné. » Pire, le directeur de l’époque avait répondu par une lettre de 7 pages niant ou minimisant les problèmes vécus par les salarié-es. « Quand on a vu ça, ça a été la goutte qui a fait déborder le vase et on est allés à la CSN », raconte-t-elle.
Catherine Caron a participé activement à la campagne de syndicalisation et cherché à s’impliquer dans le syndicat naissant. « Je voulais m’impliquer, mais je ne savais pas comment, je ne connaissais rien au syndicalisme », explique la militante. Certains la voyaient déjà présidente, mais elle n’y croyait pas, ne se sentant pas assez expérimentée. « J’ai plutôt été élue vice-présidente en février 2018 », dit-elle. Sauf que la vie en a décidé autrement. Dès l’été 2018, elle était appelée à remplacer le président du syndicat, qui s’est désisté à la suite d’ennuis de santé et elle a été nommée présidente par intérim puis élue présidente. « J’ai gardé le poste, autant parce que j’aimais ça que parce que personne n’en voulait, les gens étaient bien contents que quelqu’un accepte de faire la job », explique Catherine Caron.
Ce n’est qu’après un long conflit – des journées de grève suivies d’un lock-out en 2021—et la découverte des différents services de la CSN, que Catherine Caron commence à s’impliquer en dehors de son syndicat local. Elle devient d’abord formatrice à la Fédération du commerce (CSN). « C’est mon conseiller qui m’a poussé là, si on veut », explique-t-elle, « moi je trouve ça intéressant parce que, forcément, pour donner de la formation, il faut posséder la matière et ça m’amène des connaissances qui sont ensuite bénéfiques pour mon syndicat local. »
Lors du congrès de cet été, Catherine Caron a été élue déléguée de la région métropolitaine de Québec au conseil syndical du conseil central. « Je trouve la gang du conseil central intéressante et c’est l’fun d’en savoir plus sur la direction de la CSN, sur les orientations », nous dit-elle, « je trouve ça intéressant d’être plus proche, de m’impliquer un petit peu plus, mais là je n’en prends pas plus ! »
Souvent les gens ont peur de s’impliquer, on a l’impression que ça va déborder sur notre vie personnelle croit la militante. « Il y a des moyens de ne pas se laisser envahir et de bien conjuguer le travail et la vie syndicale », confie Catherine Caron, « mais, il faut utiliser les libérations ! » Pour la présidente du Syndicat des travailleuses et travailleurs de la Coopérative funéraire des Deux Rives (CSN), s’impliquer est important et enrichissant. « C’est important l’implication syndicale, ça permet d’être proche du monde, d’être au courant de ce qui se passe et, surtout, ça nous permet d’avoir une voix, il ne faut pas avoir peur de s’impliquer dans son syndicat quand on est un employé syndiqué », conclut-elle.
Michaël Patrick Bernier
Michaël Patrick Bernier travaille à l’entretien au Réseau de transport de la Capitale depuis une vingtaine d’années. « L’entretien au RTC c’est extrêmement varié, il y a une vingtaine de postes différents, ça peut aller de la vérification avant le départ, à l’entretien des bus, à l’entretien du réseau », nous explique-t-il, « présentement je suis sur le terrain, je suis préposé au réseau, donc je me promène un peu partout. »
La situation de l’emploi a bien changé au RTC. « Quand je suis rentré, il y a vingt ans, c’était l’enfer, ils recevaient 750 c.v. pour 18 postes à pourvoir », raconte Michaël Patrick Bernier, « j’ai dû passer un concours, c’était un long processus qui durait trois mois, il fallait absolument vivre sur le territoire. Maintenant ce n’est plus comme ça, le RTC court après le monde et j’ai des collègues qui proviennent d’aussi loin que Trois-Rivières. »
Très rapidement, Michaël Patrick Bernier cherche à s’impliquer au syndicat. « Je savais que c’était un syndicat puissant, j’arrivais de Purolator et je n’avais pas été impressionné par les Teamsters », explique-t-il, « au RTC on voyait tout de suite que c’était différent avec la CSN et le comité exécutif présent sur le plancher. Dès ma première année, je me suis levé en assemblée générale pour demander ce que les employé-es temporaires pouvaient faire pour aider. »
Il se retrouve rapidement délégué des employé-es temporaires. « Ça a beau être une bonne job, bien payée et tout, reste que pour les employé-es temporaires il y avait des choses à améliorer, on m’a interpellé pour les représenter et j’y suis allé », se souvient Michaël Patrick Bernier, « ce sont mes instincts de Saint-Roch qui jouaient ! » De fil en aiguille, le militant prend du galon et devient délégué régulier, puis vice-président SST et finalement président en 2014, poste qu’il occupera jusqu’en 2021. Après une pause de 11 mois, il s’est présenté comme délégué SST, poste qu’il occupe toujours.
Michaël Patrick Bernier a été élu Représentant à la vie régionale (RVR) pour la région métropolitaine de Québec au conseil syndical du conseil central en février 2022. « Je ne savais pas vraiment quelle était la fonction de RVR, mais on m’a appelé pour m’en parler », explique-t-il, « je n’étais plus au syndicat local, mais je voulais continuer de m’impliquer dans la centrale, le conseil central était idéal pour ça. » L’expérience fut concluante et le militant s’est représenté comme délégué lors du congrès de cet été. « C’est l’esprit d’équipe, l’accueil des gens, pouvoir communiquer avec les autres syndicats, voir comment ça marche, qui m’a gardé là », dit-il, « tu en apprends et tu peux partager ton vécu un peu, si ça peut aider d’autre monde dans leur militantisme, ça peut être intéressant. »
En parallèle, Michaël Patrick Bernier a entrepris des démarches pour devenir AMS (agent multiplicateur en syndicalisation). « Je me suis retrouvé là par référence, j’ai suivi une formation après un appel », raconte-t-il, « la mission des AMS c’est d’aller promouvoir la centrale lors d’opération de syndicalisation ou de maraudage [changement d’allégeance syndicale]. C’est comme le premier contact, la job terrain, ce qu’on appelait autrefois ‘’faire de la clôture’’. On informe les gens des démarches, on aide à trouver des poteaux, à s’organiser. » Le militant assure que « le tout c’est d’être à l’aise avec les gens, même si tu as beaucoup d’expérience, les gens ne te connaissent pas, tu n’as pas de points parce que tu es officier syndical, c’est bon pour l’humilité, j’aime ça ! »
Aux gens qui hésitent à s’impliquer syndicalement, Michaël Patrick Bernier suggère d’y aller graduellement. « Il faut faire un premier pas, y aller tranquillement, parler aux anciens, s’informer du passé, voir ce que c’était avant au lieu de penser que le syndicalisme c’est juste pour avoir du salaire, c’est loin d’être juste pour ça, il y a aussi une expérience humaine sur les difficultés que nos collègues peuvent vivre en dehors du travail », estime-t-il. Le militant croit qu’on n’est jamais obligé de faire cavalier seul, de croire qu’on a l’expérience pour tout faire, « je dirais aux officiers syndicaux de faire équipe avec leur conseiller, de développer une relation, mon expérience à moi c’est que quand on s’implique à la CSN, on a du support, les ressources sont là, il y a du monde pour nous aider. »
Extrait du numéro de septembre 2022 du journal Le Réflexe