Raphaël Laflamme, organisateur communautaire au CTTI. Photo : Simon Clark

Immigration

Des ressources communautaires pour accompagner les travailleuses et les travailleurs

L’intégration de nouveaux arrivants, surtout s’il s’agit de travailleuses et de travailleurs étrangers temporaires, peut poser des défis considérables pour les syndicats. Récemment, le conseil central a été appelé à travailler avec des organismes communautaires en immigration pour dénouer certaines situations. Le Réflexe vous présente aujourd’hui deux organisations qui peuvent venir en aide aux syndicats et accompagner les travailleuses et les travailleurs migrants.

Centre des travailleurs et travailleuses immigrants (CTTI)

La CSN collabore depuis années avec le Centre des travailleurs et travailleuses immigrants (CTTI), une organisation de défense de droits qui a vu le jour à Montréal au début des années 2000.

Avec la régionalisation de l’immigration et l’augmentation du nombre de travailleuses et de travailleurs étrangers temporaires un peu partout, des besoins ont commencé à émerger en région. « Ce sont les travailleuses et les travailleurs migrants qui ont le plus de problèmes et de besoins auxquels le CTTI peut répondre », explique Raphaël Laflamme, un des organisateurs du CTTI basé à Québec, « la bureaucratie et la paperasse gouvernementale en immigration sont très compliquées et les gens ont besoin d’aide pour s’y retrouver. »

Dans la région de Québec, c’est le scandale de la Villa Mon domaine, où des préposé-es aux bénéficiaires ont été victimes de traite de personnes, qui a été la bougie d’allumage il y a deux ans. Raphaël Laflamme a commencé à travailler avec le centre à ce moment, d’abord de façon militante puis comme salarié depuis un an. « Au jour le jour, c’est un travail de défense individuelle de droits, on aide les gens avec leurs démarches », explique l’organisateur communautaire, « mais on essaie d’être une organisation dirigée par ses membres, on implique les travailleuses et les travailleurs dans des comités pour venir en appui, notre idée c’est de développer la conscience des gens et de les amener vers l’action collective. »

Le CTTI a un long historique de collaboration avec les syndicats. « Ça peut être pour aider à créer de la solidarité entre locaux et migrants ou pour des campagnes de syndicalisation dans des milieux de travail où il y a beaucoup d’immigrants », explique le militant, « ça peut aussi être pour des campagnes politiques, les travailleuses et les travailleurs migrants sont d’abord et avant tout des travailleuses et des travailleurs, donc des campagnes comme le Premier mai ou Minimum 18 $ ça les touche aussi. » Il arrive aussi que des syndiqué-es soient recommandés par leur syndicat au CTTI pour des questions spécifiquement liées à l’immigration.

Actuellement, le CTTI a des membres sur le terrain et un organisateur communautaire à Québec, mais pas de locaux. On peut les rejoindre par courriel à cti.iwc.quebec@gmail.com


Le Tremplin

Le Tremplin est un centre pour personnes immigrantes et leurs familles à Lévis, fondé en 2007. « Ce sont quatre femmes immigrantes qui ont constaté un trou de service à Lévis qui ont monté l’organisme de toute pièce », nous explique le directeur du Tremplin, Guillaume Boivin, « aujourd’hui, nous comptons sur une quinzaine de salariés, dont des conseillers en intégration qui parlent plusieurs langues et qui peuvent accompagner les personnes dans leur installation et intégration. » L’organisme offre également un volet de services aux entreprises pour favoriser l’accueil et l’intégration des travailleuses et des travailleurs migrants.

Les enjeux d’immigration sont de plus en plus présents dans la région de Chaudière-Appalaches. « Il y a eu une augmentation de 75 % de l’immigration à Lévis en cinq ans, de 2016 à 2021 », explique Guillaume Boivin, « la pénurie de main-d’œuvre est tellement exacerbée, c’est fou, ça change la donne très rapidement. Par exemple, le nombre de résidents temporaires, qui inclut autant les travailleuses et travailleurs étrangers temporaires que les étudiants étrangers, est passé d’environ 300 à 1800 à Lévis. »

« Tous nos dossiers sont importants, mais les besoins les plus grands sont avec des gens qui ont une autre langue et une culture plus éloignée de la nôtre », relate Guillaume Boivin, « il y a des cultures qui ont des rapports à l’autorité, à la hiérarchie ou au temps, qui sont très différents des nôtres. » L’organisme offre d’ailleurs également des formations pour les employeurs, pas juste les travailleuses et les travailleurs immigrants. « L’idée c’est de s’assurer que les gens soient bien accueillis, que leur intégration se passe bien en allant au-devant des problèmes éventuels. »

Le Tremplin peut aider les syndicats pour la résolution de certains conflits. « Par exemple, on peut aider à désamorcer des conflits qui ont une base culturelle en aidant les gens à apprendre à se comprendre », explique le directeur, « on peut donner de la formation adaptée par exemple. » Selon Guillaume Boivin, il ne faut pas hésiter à recommander des travailleuses et des travailleurs immigrants au Tremplin, même si leur entreprise ne fait pas appel à ses services. « On va aider les gens, l’important c’est qu’ils ne tombent pas entre deux chaises », dit-il.

Pour le service aux entreprises, le territoire du Tremplin couvre Québec et Chaudière-Appalaches. Pour les services directs aux travailleuses et aux travailleurs, on parle plus de Lévis. « Mais les gens peuvent nous contacter, peu importe où ils sont, au pire on va référer les gens aux bons organismes locaux », conclut-il.

Les coordonnées du Tremplin, courriel ou téléphone, sont sur leur site à letremplinlevis.com



Extrait du numéro de février 2023 du journal Le Réflexe