Santé et services sociaux
Vraiment public
La CSN lance une nouvelle campagne confédérale en santé et services sociaux. L’objectif est de sensibiliser la population et de mobiliser les travailleuses et les travailleurs pour un système vraiment public. Il y aura une première mobilisation, à Québec, le 31 janvier.
C’est la fameuse « refondation du système de santé », annoncée par le ministre Dubé au printemps dernier, qui a amené la CSN à bouger. « Ça fait très longtemps que l’on prend des positions sur le système de santé à la CSN, probablement depuis 1921 », explique le deuxième vice-président de la CSN, David Bergeron-Cyr, « c’est vraiment l’annonce des 50 mesures du ministre qui nous a forcé à relancer une campagne confédérale. » La promesse, en pleine campagne électorale, que le gouvernement allait autoriser la construction de mini-hôpitaux privés, dont l’un à Québec, est venue confirmer l’urgence de se mobiliser.
Le privé en santé est loin d’être une solution. « Les mini-hôpitaux privés vont nuire aux services publics », explique David Bergeron-Cyr, « ça va vampiriser les ressources, il n’y aura pas soudainement plus de travailleuses et de travailleurs. En plus, ils vont choisir ce qu’ils vont faire, ils vont laisser tous les cas les plus lourds au secteur public et ne prendre que ce qui est simple et payant. Oui, des gens vont avoir des soins, mais ça va empirer la situation pour tous les autres. »
Le thème de la campagne, « vraiment public », s’est imposé de lui-même. « Le système de santé qu’on s’est donné au Québec n’a jamais été 100 % public », rappelle le vice-président, « déjà les médecins n’ont jamais accepté de devenir des salariés, mais, en plus, le privé prend de plus en plus de place en santé. » Outre le désinvestissement, il faut rappeler que, depuis le début des années 2000, un certain nombre de chirurgies sont permises au privé, on a créé les Groupes de médecine familiale, qui sont essentiellement des entreprises privées, etc. « Il y a toujours eu du privé en santé, mais là on est rendu à 30 % des soins qui sont au privé selon une étude de l’IRIS », rappelle David Bergeron-Cyr.
« Nous ce que l’on dit c’est que pour avoir un système de santé égalitaire, universel, accessible et gratuit pour tout le monde, ça prend un système vraiment public », rappelle le syndicaliste. L’objectif de la campagne est de sensibiliser la population à la situation et de valoriser le système public. « Les solutions que l’on met de l’avant tournent autour de ce qu’on appelle ‘’nos trois D’’ », explique David Bergeron-Cyr, « il faut déprivatiser, décentraliser et démocratiser le système de santé. » L’enjeu central est de ramener les décideurs dans les régions et les établissements, de donner de l’autonomie et du pouvoir sur l’organisation du travail aux travailleuses et aux travailleurs et de réaffirmer et renforcer le caractère public du réseau.
La campagne comporte certes un argumentaire, plutôt étoffé d’ailleurs, et des outils de communication, mais repose surtout sur la mobilisation. « L’objectif c’est de mobiliser largement pour faire pression sur le gouvernement pour avoir ce qu’on mérite : un vrai système public », explique le vice-président. D’ailleurs, une première mobilisation aura lieu le 31 janvier, à Québec, dans le cadre de la reprise des travaux à l’Assemblée nationale.
« C’est une campagne qui concerne tout le monde, pas juste les syndicats de la santé, on est tous et toutes des usagers du système de santé », conclut David Bergeron-Cyr, « on ne va pas juste parler des conditions de travail des employé-es du réseau, c’est un projet de société que l’on défend. »
Pour en savoir (beaucoup) plus : https://www.csn.qc.ca/vraiment-public/
Extrait du numéro de février 2023 du journal Le Réflexe