Portraits de syndicalistes
Le Réflexe poursuit la série de portraits visant à vous présenter et à vous faire connaître des syndicalistes de notre région. Après les membres du comité exécutif, nous poursuivons avec vos délégué-es du conseil syndical.
Sébastien Jobin
Sébastien Jobin est peintre chez Canam Ponts, il s’implique dans son syndicat, où il est trésorier, au conseil central où il est délégué pour la région de Québec Métro et au comité confédéral des jeunes de la CSN.
Au tout début de la vingtaine, Sébastien Jobin a mis ses études sur pause. « Mon père m’a fait rentrer chez Canam Ponts comme journalier-peintre », raconte-t-il, « Je me suis dit : ‘’je travaille, je suis bien, pas besoin de retourner aux études.’’ Un retour aux études n’est pas complètement sorti de mon esprit, mais je n’en voyais pas l’intérêt dans mon plan de vie. » De fil en aiguille, le jeune homme a fait une formation à l’interne et est devenu peintre.
On est rapidement venu chercher celui qui s’intéressait déjà aux enjeux de santé et sécurité du travail pour s’impliquer au syndicat. « Il y avait un poste de trésorier de libre, on m’a proposé de le prendre en intérim, ce que j’ai fait », explique-t-il, « à part un court passage comme secrétaire, c’est le poste que j’occupe sur l’exécutif du syndicat depuis six ans. »
C’est comme officier syndical qu’il a participé à ses premières instances du conseil central. Une participation remarquée, les jeunes dans nos assemblées ne sont pas si nombreux. « Ce sont Ann Gingras et Barbara Poirier qui sont venues me parler de m’impliquer en premier », se souvient-il, « on m’avait vendu que si je m’impliquais au conseil syndical, je pourrais être au comité de jeunes. » Et c’est comme ça que Sébastien Jobin a été élu au conseil central pour la première fois il y a quatre ans.
« Avec le nouvel exécutif et la redéfinition du rôle de délégué, c’est très plaisant de s’impliquer au conseil central », dit-il, « le rôle de délégué est très intéressant, ça permet de rencontrer des gens passionnés qui ne font pas juste ça pour la convention collective, c’est inspirant. » Sébastien l’admet sans détour, à choisir, il est plus intéressé par les luttes sociales que les seules relations de travail. « Je suis plus deuxième front que convention collective, alors le conseil central ça me parle plus que pour certaines personnes », admet-il.
Aux gens qui hésitent à s’impliquer, Sébastien suggère d’essayer. « Oui, c’est un peu demandant de s’impliquer syndicalement, mais il y a tellement de gratification », argumente-t-il, « c’est dur, mais c’est une école de la vie où tu vas chercher des choses qu’il n’y a nulle part ailleurs. Grâce à la CSN et au militantisme, j’ai eu beaucoup plus de bagage que ce que l’école m’a donné. »
Comité confédéral des jeunes
En plus de celui du CCQCA, Sébastien Jobin s’implique au comité confédéral des jeunes de la CSN. « C’est intéressant de voir d’autres jeunes », dit-il, « c’est dur de faire s’impliquer des jeunes dans nos syndicats, d’en voir d’autres qui s’impliquent ailleurs ça donne du jus et ça donne le goût de continuer. »
David Gagnon
David Gagnon est caissier-vendeur à la SAQ, il s’implique dans son syndicat où il est délégué de la région de Chaudière-Appalaches et au conseil central où il est délégué pour la région de Beauce–Les Etchemins.
David Gagnon est entré à la SAQ en 2006. « J’ai commencé à Saint-Georges, mais je me suis promené pas mal, j’ai notamment travaillé à Beauceville, où j’ai eu mon premier poste permanent en 2015, et maintenant je suis à Lac-Etchemin », nous raconte-t-il. Ce parcours permet d’illustrer la difficulté d’obtenir sa permanence dans la société d’État. « Oui, c’est long ! », concède-t-il. Selon le délégué, ça prend en moyenne une dizaine d’années avant d’avoir un poste à la SAQ. « Mais ça s’est amélioré à la dernière négo ! », dit-il.
L’implication syndicale de David Gagnon commence en 2010. « Je participais à un Groupe de travail consultatif, soit une instance paritaire où siègent des syndiqués et des représentants de l’employeur pour faire des suggestions diverses au niveau local », se souvient-il. C’est en 2014 qu’il est élu délégué de la région de Chaudière-Appalaches au complet. « C’est une réalité de syndicat national, on a des délégués dans toutes les régions administratives », nous explique-t-il. David Gagnon représente ainsi 22 magasins et quelques 212 employés (ça a déjà été jusqu’à 275, mais c’est instable à cause de la pénurie). « Au début, quand j’ai été approché, je ne voulais pas y aller, mais il y a eu une mobilisation des membres dans ma ville qui voulaient que j’y aille alors j’ai fait le saut », raconte-t-il.
« Au début, quand je suis rentré au syndicat, on ne s’impliquait nulle part à la CSN », se souvient David Gagnon, « le SEMB-SAQ a longtemps été un syndicat indépendant et je crois que la mentalité, à l’époque, c’était que la CSN était une sorte de police d’assurance. » Ce n’est qu’à la suite d’un cas épineux d’assurance-emploi que David Gagnon a fait la rencontre du conseil central. « J’ai eu besoin de l’aide du SAMVR et c’est comme ça que j’ai découvert l’organisation. »
« J’ai été un des premiers délégués du SEMB-SAQ à me présenter dans les assemblées générales d’un conseil central », explique-t-il, « je ne comprenais pas qu’on laisse notre place à d’autres alors que l’on paie des cotisations. Tant qu’à être membres, aussi bien s’impliquer. Je me disais, faut y aller et participer, développer des liens avec les autres syndicats, c’est bon pour le SEMB-SAQ. »
La grève de 2018 a permis à bien des syndicalistes du SEMB-SAQ de « découvrir » la CSN. « C’est vraiment là que ça a débloqué, que les gens ont découvert les services et ce que ça veut dire être membres de la CSN », raconte-t-il, « il y a eu une grosse manifestation organisée par le SAMVR où tout le comité exécutif du conseil central était présent, ça a vraiment permis aux membres de voir la CSN en action. » Aujourd’hui, presque tous les délégués du SEMB-SAQ sont impliqués dans leurs conseils centraux et on retrouve plusieurs anciens élus du syndicat à tous les étages de la confédération.
« J’adore mon implication au conseil central », dit David Gagnon, « le conseil central c’est tout le volet politique, intersyndical, ça permet de voir qui est sur le territoire, quelles sont les causes sociales qu’on peut appuyer. »
« Je cherche les gens qui sont indignés, qui ont les causes sociales à cœur, je vais les voir et je leur dis qu’ils peuvent s’impliquer pour changer les choses autant au niveau social que syndical », explique David Gagnon, « parfois c’est mal vu le syndicalisme, j’essaie de changer l’image que les gens en ont. Dans le fond, le syndicat c’est pour nos jobs, pour nos conditions de travail à tout le monde. C’est beaucoup une question d’éducation. Il ne faut pas avoir peur de former une relève et de l’accompagner. C’est ça la clef du succès pour le modèle CSN. »
Extrait du numéro de mai 2023 du journal Le Réflexe