Photo de groupe prise après l’assemblée d’adoption de l’entente de principe le 25 avril 2024

Presto Libre-Service

Chronique d’une lutte acharnée et d’une victoire mémorable

Un vent de victoire souffle dans les rues de Québec et il souffle très fort. Après presque une année de lutte acharnée, les membres du Syndicat des travailleuses et des travailleurs de Presto Libre-Service de la région de Québec (CSN) ont enfin arraché une entente de principe à leur employeur, Club entrepôt, filiale de Loblaws, géant incontesté de l’alimentation au Canada.

Un an de sacrifices et de solidarité

On se souvient qu’en juin 2023, un lock-out brutal a plongé les travailleuses et travailleurs dans la tourmente. Les syndiqués, exaspérés par des négociations salariales infructueuses, ont vu leur détermination mise à l’épreuve face à l’intransigeance de Loblaws. C’est à la suite d’une première journée de grève de 24 heures que l’employeur a sauvagement déclenché un lock-out qui a perduré jusqu’à l’entente de principe.

Pendant près d’un an, les piquets de grève ont fleuri devant le local de Club entrepôt, rythmant le quotidien des travailleuses, des travailleurs et de leurs familles. On a vu apparaître des banderoles, des drapeaux et même des forts de neige. Aucune saison n’a manqué à ce conflit. Gaétan Gagné, président du syndicat, se félicite de cette dure victoire : « C’est 10 mois d’insécurités. C’est dur, le moral en a pris un coup et on en sort tous un peu affectés. Cependant, aujourd’hui, on rentre au travail en ayant gagné. »

Un combat inégal contre un géant

La lutte des travailleuses et des travailleurs de Presto Libre-Service s’est inscrite dans un rapport de force inégal. D’un côté, des individus courageux, unis dans la défense de leurs droits et de leurs conditions de travail. De l’autre, un géant aux reins solides, habitué à dicter ses conditions et à imposer sa loi.

Loblaws, dont la puissance financière et le pouvoir d’influence sont colossaux, n’a pas hésité à user de sa force pour tenter de briser le moral des syndiqués. Intimidation, menaces de fermeture, campagnes de désinformation… Tous les moyens étaient bons pour faire plier les travailleuses et les travailleurs et les ramener dans le rang.

« Du côté de Loblaws, ils ont appris quelque chose, c’est certain, indique Gaétan Gagné. Ils ont appris une dure leçon. On ne peut pas négocier avec toutes les centrales de la même façon. Jamais la CSN ne va laisser tomber les travailleurs. Le respect, ils se le sont fait imposer de façon assez drastique dans les derniers mois, incluant notre dernière journée de conciliation. »

Une victoire chèrement acquise

Malgré les épreuves et les sacrifices consentis, les travailleuses et les travailleurs de Presto Libre-Service ont tenu bon. Leur solidarité et leur détermination ont finalement payé. L’entente de principe obtenue prévoit des augmentations salariales significatives, une amélioration des conditions de travail et des mesures de protection des droits syndicaux.

La présidente du Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches, Barbara Poirier, ne tarissait pas d’éloges pour les membres du syndicat : « C’est un groupe unique, inspirant, qui a et aura à tout jamais mon respect. Des groupes comme eux, c’est l’exemple même du courage. »

Un combat qui dépasse les murs de l’entreprise

Leur lutte n’est pas seulement un conflit de travail. Elle est aussi une lutte contre des multinationales comme Loblaws, qui détiennent un pouvoir immense sur leurs employés et sur les consommateurs.

Cette lutte met en lumière les défis auxquels sont confrontés les travailleuses et les travailleurs dans l’économie mondialisée d’aujourd’hui. Elle nous interpelle aussi sur la nécessité de renforcer les droits syndicaux et de protéger les employés contre les abus de pouvoir des grandes entreprises. Elle nous rappelle à quel point le combat n’est jamais terminé quand vient le temps de demander le respect et des conditions de travail décentes.

Barbara Poirier insiste sur leur détermination : « Ils sont 9 et ils ont fait plier Loblaws. Ils ont toujours été convaincus, toujours, pas nécessairement qu’ils allaient gagner, mais convaincus qu’ils ne perdraient pas. Ils n’ont jamais plié le genou et aujourd’hui ils vont rentrer au travail, debout, fiers, en vainqueurs. »

Un symbole d’espoir et de résistance

La lutte des travailleuses et des travailleurs de Presto Libre-Service est aujourd’hui terminée. Elle représente un symbole d’espoir important pour tous ceux qui se battent pour la justice sociale et économique. Une source d’inspiration brute. « En plus de participer à leur propre lutte, ils ont participé à toutes les luttes de la région pendant 10 mois. Des militantes et des militants comme ça, c’est inspirant, » souligne avec beaucoup d’émotion la présidente du conseil central.

Leur lutte nous rappelle que, même face à des adversaires redoutables, il est possible de faire entendre sa voix. Elle nous montre que la solidarité et l’action collective sont des armes puissantes pour défendre nos droits et nos intérêts.

Le président du syndicat termine en indiquant : « L’une de nos plus grandes satisfactions, et on ne s’attendait pas à autant, c’est tout le soutien de la CSN et la solidarité que le mouvement nous a démontrée. Pas juste au niveau du Fonds de défense professionnelle, ça va beaucoup plus loin que l’argent. Tout le soutien de la gang de Québec au conseil central, les élus, mais aussi toutes les personnes conseillères qui se sont impliquées avec nous. On a été agréablement surpris et on ne serait possiblement pas passé au travers. Sans ce soutien-là, les 10 mois de combat n’auraient pas été possibles. »

La victoire des travailleuses et des travailleurs de Presto Libre-Service est un message d’espoir pour tous ceux qui croient en un monde plus juste et plus équitable. Un monde où chacun, quelle que soit sa position dans la société, a droit à un traitement digne et respectueux. C’est aussi un message clair qu’ensemble, on est plus fort que tout ! 


Extrait du numéro de mai 2024 du journal Le Réflexe