LETTRE OUVERTE
Monsieur Trudeau, une grave injustice est à corriger au chantier naval de Lévis
Nous avons eu la chance de visiter, plus tôt cette semaine, le chantier naval de la Davie, à Lévis. Chaque fois, c’est avec beaucoup d’émotions que nous parcourons ces installations et constatons la fierté et le savoir-faire des travailleurs et des travailleuses de cette institution.
En ce moment, les travailleurs et les travailleuses du chantier maritime de la Davie sont à compléter la transformation d’un porte-conteneur en navire pétrolier ravitailleur pour le compte de la Marine royale canadienne. Ce n’est pas rien ! Il s’agit du plus gros navire de la marine canadienne, réalisé par le plus vaste et le meilleur chantier maritime du Canada.
Le chantier de la Davie occupe une place primordiale dans notre économie régionale. En fait, c’est l’un de nos joyaux. On évalue les retombées du chantier l’an dernier à quelque 2,03 milliards de dollars. Plus de 3 000 emplois y sont liés directement ou indirectement, et le chantier fait appel à plus de 1 000 fournisseurs canadiens, dont 814 québécois.
Pourtant, l’avenir des emplois de la Davie demeure incertain. On ne sait toujours pas si le gouvernement fédéral a l’intention d’octroyer au chantier de Lévis de nouveaux contrats, que ce soit pour remplacer les brise-glaces de la Garde côtière canadienne ou dans le cadre du programme de réparation, entretien et soutien de la flotte actuelle de la Marine royale canadienne.
Or, avec le projet Resolve et la réalisation de l’Astérix, les gens qui travaillent à la Davie ont prouvé, une fois de plus, qu’ils étaient capables de livrer un produit de haute qualité dans les délais et sans dépassements de coûts. Soulignons également le sens de l’innovation transmis d’année en année afin de réaliser des projets complexes et hautement technologiques.
Il n’y a aucune raison de ne pas octroyer au chantier de la Davie sa juste part des contrats fédéraux. Ce serait justement l’occasion, pour le gouvernement de Justin Trudeau, de réparer une grave injustice héritée des neuf ans de règne de Stephen Harper. En effet, depuis 2011, le gouvernement fédéral conservateur avait octroyé pour plus de 33 milliards de dollars de contrats aux deux chantiers canadiens-anglais soit Seaspan à Vancouver et Irving à Halifax, sans même cligner des yeux, avec en prime une subvention de 40 millions de dollars à Seaspan pour la modernisation de ses infrastructures. En raison d’un carnet de commandes débordant, le brise-glace Diefenbaker, qui devait être livré par Seaspan pour 2017 au coût de 720 millions de dollars, sera encore en chantier pour les prochaines années avec une facture qui dépasse maintenant les 1,3 milliards de dollars.
De plus, pendant que ces deux chantiers sont gavés à outrance, ils se permettent d’accorder des contrats de sous-traitance outre-mer faute de disponibilité dans leur calendrier. Pendant ce temps, notre monde, ici, vit au quotidien dans l’insécurité et l’incertitude. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il y a du rattrapage à faire et bien des torts à corriger.
Notons, pour les esprits chagrins, qu’il ne s’agit pas ici de demander la charité. Au contraire, le chantier de la Davie est non seulement le plus grand au Canada, mais c’est également le meilleur ! Bien que nous soyons profondément convaincus de cette vérité, ce n’est pas seulement nous qui le disons, mais bien la Lloyd’s List lors d’une prestigieuse cérémonie de remise de prix de l’industrie à Houston au Texas, en 2015. À ce moment, Davie avait été sacré « Chantier naval nord-américain de l’année ».
Des solutions sont mises de l’avant par le chantier, entre autres, pour remplacer les brise-glaces de la Garde côtière canadienne et elles sont bien moins chères que celles des concurrents. La Marine royale canadienne et la Garde côtière canadienne ont des besoins réels et urgents que le chantier naval de la Davie peut combler avantageusement. Le gouvernement fédéral de M. Trudeau ne peut l’ignorer. Il est plus que temps que notre région et notre chantier, aient leur juste part des contrats fédéraux. C’est une question d’équité et de reconnaissance. Le temps de l’absurdité et du favoritisme a assez duré.
Ann Gingras, présidente
Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches (CSN)