Le gouvernement doit hausser le financement du transport scolaire
Québec, le 5 février 2018. – Aujourd’hui, comme dans plusieurs villes de la province, de nombreuses conductrices et de nombreux conducteurs de véhicules scolaires, affiliés à la CSN, ont participé à une « virée jaune » qui s’est terminée devant l’Assemblée nationale. La « virée jaune » a circulé dans plusieurs quartiers de la ville pour intensifier leur visibilité sur la place publique et attirer l’attention sur leurs revendications. Les syndiqué-es du transport scolaire veulent obtenir des salaires justes et de meilleures conditions de travail pour qu’enfin leur métier soit reconnu à sa juste valeur.
« Aujourd’hui, alors que nous manifestions, nous avons également diffusé une vidéo qui compare notre travail à la collecte des ordures. Les deux métiers sont difficiles, mais un seul est rémunéré à sa juste valeur et c’est celui où l’on transporte des ordures. Le transport scolaire offre généralement des conditions de travail dérisoires par rapport aux lourdes responsabilités et à la complexité de notre travail. De grandes disparités salariales existent d’un employeur à l’autre. Les salarié-es touchent un taux horaire moyen de 17,86 $ l’heure pour un revenu annuel moyen de 19 288 dollars, alors que d’autres reçoivent 12,07 $ l’heure, un taux avoisinant le salaire minimum, sans autre avantage social. Nous demandons donc l’appui de la population à nos revendications », précise Hélène Thibault, présidente du Syndicat des employés du transport scolaire Tremblay et Paradis (CSN).
Une pétition a été mise en ligne sur le site de l’Assemblée nationale à ce sujet.
Une crise se dessine dans le transport scolaire au Québec
Cette situation, qui est décriée depuis plusieurs années, influence directement le recrutement et la rétention des conductrices et des conducteurs, au point où des situations concrètes laissent croire qu’une crise a débuté dans le transport scolaire. « Des circuits sont déjà menacés dans des commissions scolaires ailleurs au Québec. Par exemple, au moins deux circuits, pour lesquels les employeurs n’ont pas le personnel requis, sont en danger à la Commission scolaire Marguerite–Bourgeoys. À la Commission scolaire de la Région-de-Sherbrooke, un employeur aurait même rappelé des travailleurs en congé de maladie pour des remplacements, ce qui soulève de potentiels problèmes de santé et de sécurité du travail. Cette crise commence à se faire sentir dans notre région. Le 10 octobre dernier, nous avons interpelé le gouvernement dans les médias en le prévenant qu’une crise pourrait très bien se dessiner au Québec, situation qui se concrétise actuellement, » martèle Stephen P. Gauley, président du Secteur transport scolaire (STS).
À Toronto, une telle crise du transport scolaire secoue la ville depuis plusieurs années. Les appels d’offres qui octroient les circuits scolaires aux plus bas soumissionnaires ont complètement ravagé les conditions de travail dans ce domaine. Ce faisant, les employeurs ne réussissent pas à recruter des salarié-es pour pourvoir les postes vacants et plusieurs circuits ont dû être annulés, faute de conductrice et de conducteur.
« Les travailleuses et les travailleurs ne sont tout simplement pas attirés par des emplois sous-payés qui leur demandent de telles compétences et de telles qualifications. Cette province vit une crise dans le transport scolaire directement liée aux mauvaises conditions de travail qui sont offertes dans le domaine. En 2016, dans la région torontoise, une soixantaine de circuits de transport scolaire avaient été paralysés par une pénurie de main-d’œuvre causée par les mauvaises conditions offertes. En 2017, une vingtaine de circuits ont été touchés par ce problème récurrent. Récemment, les mêmes problèmes ont été observés au Nouveau-Brunswick, à Fredericton et à Saint-Jean, pour les mêmes raisons. Le gouvernement du Québec attend-il que des parents et des enfants soient privés de transport scolaire, faute de personnel, avant d’intervenir et de corriger le problème ? », questionne Ann Gingras, présidente du Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches (CSN).
Un salaire de référence pourtant reconnu
Pourtant, lors d’un processus rigoureux d’évaluation de l’emploi de conducteur et de conductrice de véhicule scolaire, auquel le gouvernement et les associations des transporteurs ont participé, le comité de travail a fixé un taux horaire minimal de référence à 19,14 $ l’heure en janvier 2015, ce qui représente actuellement un taux indexé de 20,02 $ à l’embauche, sans évidemment tenir compte de l’ancienneté.
« Les conductrices et les conducteurs de véhicule scolaire luttent pour la reconnaissance de leur emploi et pour l’obtention d’un salaire décent depuis plus de 20 ans. Ils ont toujours dû défendre l’importance de leur travail qui consiste à conduire en toute sécurité nos enfants vers leur milieu d’apprentissage. Nous demandons au gouvernement de Philippe Couillard, des enveloppes budgétaires bonifiées, dédiées et fermées qui serviront à augmenter les salaires et à offrir des conditions de travail qui reconnaissent le métier. Les mauvaises conditions de travail sont en train de créer une crise dans tout le secteur. Nous revendiquons une solution durable, et ce, avant les prochaines élections provinciales », de conclure Mme Gingras.
Rappelons que plus de 521 000 écoliers, soit un peu plus de 60 % de tous les élèves du primaire et du secondaire, montent à bord des autobus scolaires tous les jours.
Le secteur regroupe environ 3 000 travailleuses et travailleurs regroupés dans 62 syndicats (dont 9 dans la région de Québec–Chaudière-Appalaches).
Les syndicats du transport scolaire sont affiliés à la FEESP–CSN, qui regroupe 55 000 membres répartis dans 400 syndicats dans les services publics et parapublics, ainsi qu’au Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches (CSN) qui représente plus de 240 syndicats regroupant 45 000 syndiqué-es. Pour sa part, la CSN compte plus de 300 000 membres syndiqués provenant tant des secteurs privés que publics.