Manifestation devant la TÉLUQ le 7 décembre.

Lutter contre une disparition programmée

C’est en prenant connaissance de la nouvelle convention collective des professeur-es de leur université, qu’un voyant rouge s’est allumé au Syndicat des tuteurs et tutrices de la Télé-université (la TÉLUQ). L’année à venir sera cruciale pour l’avenir de la profession.

« Une nouvelle catégorie était en effet créée, les « professeurs à contrat », dont la description de tâches reprend essentiellement celle de leurs 200 membres. Si on ajoute à cela un nouveau contrat avec un sous-traitant privé en 2016, l’Institut Matci, qui a entrainé la mise à pied d’une quarantaine de tuteurs et de tutrices, tout semble indiquer une disparition programmée des tuteurs et tutrices à la TÉLUQ.

Récemment, un porte-parole patronal l’a confirmé : ce sont 75 % des tâches des tuteurs et tutrices  qui seront perdues d’ici quelques semaines dans la foulée d’une réforme du modèle d’encadrement des étudiantes et des étudiants. « C’est déjà commencé, plusieurs tuteurs qui travaillaient à temps plein depuis des années n’ont toujours pas leur temps plein à la mi-janvier », nous dit Jean-Bruno Chartrand, un militant du syndicat.

La convention collective des tuteurs et tutrices de la TÉLUQ est échue depuis décembre 2016. « On a déposé un cahier de revendications, mais, honnêtement, on est en réaction », concède Jean-Bruno Chartrand, « on essaie de parler des enjeux alarmants de la réforme du modèle d’encadrement, mais sans succès ». Le syndicat a même dû avoir recours à la conciliation pour forcer l’employeur à s’asseoir à la table de négociation.

« Il n’y a rien de tangible, seulement quelques informations, mais on n’est pas consultés sur les changements, on n’a aucune garantie et on est dans le flou depuis le début », se désole M. Chartrand. Le syndicat ne comprend pas trop quel est l’intérêt de la TÉLUQ dans l’opération. « Le DG veut que la TÉLUQ ressemble plus à une université traditionnelle. Pour nous, c’est clair que les nouveaux professeur-es embauchés ont les mêmes qualifications que plusieurs de nos membres, mais pour plusieurs d’entre eux, l’expertise en formation à distance en moins. » Le syndicat, qui existe depuis une quinzaine d’années, se demande quel est l’intérêt de sacrifier une expertise unique d’enseignement et d’encadrement à distance si la volonté de la TÉLUQ se concrétise.

Pour l’instant, les négociations sont au point mort, le syndicat est en attente de nouvelles dates. Face à la menace imminente qui pèse sur leurs emplois, les membres du syndicat se sont dotés, à l’unanimité, d’un mandat de moyens de pression incluant la grève. « On n’en est pas à la grève générale illimitée, on aimerait mieux utiliser des moyens de pression qui ne nuisent pas aux étudiants, mais il faut faire comprendre à tout le monde que notre travail est important et affecte toute l’université », lance le militant, « et il faut le faire maintenant, pendant qu’on a encore un rapport de force. »

En réaction, la stratégie de l’employeur semble être de gagner du temps et d’intimider le syndicat, ses membres et ses allié-es. « Il y a des menaces de mesures disciplinaires et des mesures judiciaires qui ont été prises par l’employeur », explique Jean-Bruno Chartrand, « malgré les poursuites contre notre présidente, le conseil central et la FNEEQ, on est en mode mobilisation. »

Les tuteurs et les tutrices, qui de par la nature de leur emploi, ont tendance à être invisibles, demandent aux syndicalistes des autres secteurs de les appuyer et de partager l’information sur leur lutte dans leurs réseaux. « N’hésitez pas à entrer en contact avec nous si vous avez des questions ou si vous avez besoin de plus d’informations », conclut Jean-Bruno Chartrand.


Extrait du numéro de février 2018 du journal Le Réflexe