Québec, 1er mars 2018. – Manque de personnel, entretien déficient, manque de fonds pour payer les fournisseurs de denrées alimentaires, retard dans les paies, sommes dues aux employé-es, etc., rien ne va plus à la Résidence Charlesbourg, un centre d’hébergement privé de Québec. Confronté à une situation qui se détériore rapidement, le Syndicat des centres d’hébergement privés de la région de Québec (CSN) s’est vu dans l’obligation de tirer la sonnette d’alarme jeudi matin, lors d’une conférence de presse dans les locaux de la CSN à Québec.
Le syndicat dénonce de graves problèmes de gestion qui affectent la cinquantaine de bénéficiaires de la Résidence Charlesbourg. « Dernièrement, la livraison des denrées alimentaires a été retardée de deux semaines parce que les fournisseurs n’avaient pas été payés », expose Gilles Gagné, président du Syndicat des centres d’hébergement privés de la région de Québec (CSN), « il y a eu des coupures dans l’entretien ménager pour économiser, il ne reste plus qu’une personne qui est présente 21 h/semaine. »
Les problèmes de gestion affectent aussi la quinzaine de salarié-es, en majorité des femmes, dénonce Gilles Gagné, « depuis septembre dernier, les salaires ont été versés en retard à quatre reprises (5 jours la dernière fois), les employé-es n’ont pas reçu le paiement de leurs congés de maladie non utilisé, le syndicat ne reçoit pas les cotisations syndicales qui sont pourtant prélevées sur la paie des employé-es, les sommes dues pour les REER sont versées avec un an de retard, etc. » La situation est intenable pour les syndiqué-es, « il faut que ça change », croit le syndicaliste qui craint également pour la sécurité des résidentes et des résidents. « La directrice de la résidence fait tous les remplacements parce que l’employeur ne veut plus embaucher de personnel, ça n’a pas de bon sens, il lui est arrivé de faire trois chiffres en ligne ! »
Pour Lucie Langlois, vice-présidente régionale pour la fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN), « la situation est d’autant plus inacceptable qu’il s’agit d’un centre d’hébergement privé où les résidents paient en moyenne 2000 $/mois ». « Ils sont en droit de bénéficier de services de qualité, donnés sur une base quotidienne et, surtout, sans rupture de ceux-ci. Ce n’est pas normal qu’on en soit rendu là », pense la syndicaliste. « C’est une situation honteuse et indigne, les autorités compétentes ne peuvent pas laisser les choses aller comme ça », insiste-t-elle.
« Ce n’est pas la première fois que ce propriétaire de résidences se retrouve sur la sellette », rappelle Ann Gingras, présidente du Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches (CSN). En effet, M. Herman Gancz avait fait l’objet d’un reportage à l’émission La facture, il y a quelques années, pour une autre résidence qu’il possédait. « Je ne comprends pas que l’on en soit encore là », indique Ann Gingras, « ça n’a pas de bon sens que l’on fasse vivre ça à nos aînés en 2018, sans parler du stress vécu par les travailleuses et les travailleurs. » Pour la présidente du conseil central, il est temps de mettre en place les mesures nécessaires pour civiliser le secteur privé en santé. « Le Centre intégré de santé et services sociaux de la Capitale-Nationale (CIUSSS-CN) doit intervenir dans le dossier, ils ont la responsabilité de veiller à ce que les services et les soins de santé soient bien dispensés dans la région », conclut Ann Gingras, « on parle quand même de quelque chose de fondamental : les conditions de vie de nos aînés. »