Le budget fédéral prévu la semaine prochaine doit contenir des indices clairs selon lesquels le Chantier Davie Canada va obtenir rapidement des contrats du gouvernement fédéral. Il s’agit de la dernière fenêtre d’opportunité du gouvernement Trudeau, avant les élections, pour poser un geste concret à l’égard du plus gros chantier maritime au pays.
Lors de l’arrivée au pouvoir de Justin Trudeau, il y a trois ans, il y avait 1 300 travailleuses et travailleurs au chantier Davie. Aujourd’hui, il en reste à peine 90. L’heure est grave, aucune entreprise ne pouvant soutenir très longtemps des frais fixes aussi importants que ceux d’un chantier maritime sans qu’il y ait de contrat à l’horizon.
On le sait, le chantier Davie a été écarté de la Stratégie nationale de construction navale, il y a huit ans. Bien que ce chantier dispose de 50 % de la capacité de production du Canada, qu’il ait l’expertise et qu’il ait fait ses preuves à plusieurs reprises, la Davie n’a reçu que 3 % des contrats fédéraux accordés jusqu’à maintenant.
Malgré l’urgence de la situation et l’appui sans précédent à l’égard du chantier de la part des milieux syndicaux, politiques et des affaires, le gouvernement Trudeau n’a livré que de la poudre aux yeux : les contrats d’entretien de trois brise-glaces qui n’amènent que très peu d’emplois, et l’annonce, qualifiée « d’historique » par ce même gouvernement, de l’octroi d’un contrat de 7 milliards pour l’entretien de 12 frégates. Pourtant, il s’agit là de désinformation crasse puisque ce contrat sera partagé, de telle sorte que ce ne sont pas les 12 qui seront entretenues par la Davie, mais trois ou quatre seulement, et ce, pas avant 2021.
La Davie est un constructeur de navires, ne l’oublions pas. De nombreuses frégates, traversiers et autres ont vu le jour dans ce chantier au fil des décennies.
La situation est absurde dans la mesure où le Canada a non seulement des besoins urgents et documentés en matière de construction navale, mais, en plus, les ressources pour les combler. L’argent est là, il est même réservé. Le problème est que les deux chantiers maritimes retenus pour répondre aux besoins du pays n’y arrivent pas : ils ne respectent ni les délais de livraison ni les budgets établis, et l’on ne cesse de creuser dans les poches des contribuables pour compenser.
Si la Davie devait disparaître, c’est le gouvernement Trudeau qui en porterait l’odieux. Une telle disparition reviendrait à donner sur un plateau d’argent une situation de monopole aux chantiers Irving Shipbuilding d’Halifax et Seaspan de Vancouver. De plus, comme le soulignait cette semaine le maire de Lévis, cette fermeture signifierait automatiquement l’envoi de contrats de construction de navires canadiens à l’étranger, puisque les deux autres chantiers canadiens sont incapables de suffire à la tâche et manquent cruellement de l’expertise nécessaire. Quel gâchis ce serait de perdre le dernier grand chantier naval québécois !
Ann Gingras, présidente
Conseil central de Québec Chaudière-Appalaches (CSN)