PCU, PIRTE et cie
Un filet social de crise pour les travailleuses et les travailleurs
Même si les annonces ont pu sembler improvisées et légèrement chaotiques, on ne peut pas reprocher aux gouvernements d’être restés les bras croisés face à l’arrêt brutal de pans entiers de l’économie à cause des mesures sanitaires prises pour lutter contre la pandémie.
« Tout a été rapidement mis en place pour permettre à tout le monde d’avoir minimalement un revenu de base en attendant la fin de la crise de la Covid-19 ou la reprise économique », explique Pierre Lachance, le coordonnateur du Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches (CSN). Bref tour d’horizon des prestations d’urgence disponibles.
Par Nicolas Lefebvre Legault, conseiller à l’information
Prestation canadienne d’urgence
La première chose qu’il faut savoir c’est que pour avoir accès à l’aide du gouvernement fédéral, il faut avoir perdu son emploi en raison de la Covid-19. « Une personne ne peut pas quitter volontairement son emploi et demander la prestation canadienne d’urgence parce que ce serait plus avantageux que de continuer à travailler », explique Pierre Lachance, « elle n’y aura pas droit ». Les deux autres critères importants sont d’être âgé d’au moins 15 ans et d’avoir gagné au moins 5 000 $ en 2019 ou durant les 12 mois précédant la demande.
« Toutes les personnes qui sont admissibles à l’assurance-emploi doivent faire leur demande sur le site Web de Services Canada », explique Pierre Lachance. Les personnes qui ont perdu leur emploi depuis le 15 mars et qui font une demande d’assurance-emploi sont automatiquement redirigées vers la PCU qui leur donnera droit à 500 $ par semaine pendant un maximum 16 semaines. « Si jamais la personne est encore au chômage après 16 semaines de PCU, c’est l’assurance-emploi régulière qui va embarquer pour le nombre de semaines auquel la personne aurait normalement droit, c’est pour ça que c’est important de s’inscrire à l’assurance-emploi », précise Pierre Lachance. Normalement, selon le coordonnateur, cela permettra aux travailleuses et aux travailleurs saisonniers, comme par exemple ceux des stations de ski (les personnes qui avaient accumulé assez d’heures pour se qualifier à l’assurance emploi avant le 15 mars), de « faire le pont » sans vivre le phénomène de « trou noir ».
Rappelons que, pour la région de Québec, il faut avoir travaillé au moins 700 heures dans les 52 dernières semaines pour être admissible à l’assurance-emploi. « C’est très important de faire ses déclarations aux deux semaines, comme avec l’assurance-emploi », avertit Pierre Lachance, « aussi, il faut savoir que les personnes qui étaient déjà au chômage avant le 15 mars ne peuvent pas mettre fin à leur prestation pour demander la PCU, le seul critère reconnu pour mettre fin à l’assurance-emploi demeure le rappel au travail ». Ce n’est qu’une fois l’assurance-emploi épuisée, si la personne n’a toujours pas de travail, qu’elle pourra faire une demande de PCU.
Le délai de carence habituel de l’assurance-emploi a été supprimé pour la PCU. « C’est très rapide, surtout si les personnes utilisent le dépôt direct », explique Pierre Lachance, « sinon, les gens reçoivent un premier chèque dans les 10 jours ouvrables ».
Le gouvernement a également annoncé une aide pour les travailleuses et les travailleurs qui, sans avoir perdu leur emploi, doivent composer avec des pertes significatives de revenus. « Ce deuxième volet concerne tous les travailleurs autonomes, les salarié-es à temps partiel et ceux et celles qui ont épuisé leurs prestations d’assurance-emploi, mais dont le travail n’a pas repris ainsi que les gens qui gagnent 1000 $ et moins par mois », explique Pierre Lachance. Ces personnes ont également accès à la Prestation canadienne d’urgence, mais doivent faire leur demande directement sur le site de l’Agence du revenu du Canada.
La PCU en bref
Un programme temporaire (du 15 mars au 3 octobre) donnant droit à un montant de 500 $ par semaine pendant 16 semaines.
Qui est admissible à la Prestation canadienne d’urgence (PCU) ?
- Les personnes qui ont perdu leur emploi ou celles dont le revenu est de moins de 1000 dollars pour une période de quatre semaines ;
- Les personnes qui ont épuisé leurs prestations d’assurance-emploi ;
- Les personnes malades ou en quarantaine et les parents qui doivent rester à la maison sans salaire pour s’occuper des enfants en raison de la COVID-19.
Elle couvre les employé-es, les travailleurs contractuels et les travailleurs autonomes.
Pour être admissible, le demandeur doit avoir touché un revenu d’emploi, un revenu de travail indépendant ou un congé de maternité ou parental d’au moins 5000 dollars en 2019 ou au cours de la période de douze mois précédant le dépôt de sa demande.
Programme incitatif pour la rétention des travailleurs essentiels (PIRTE)
Reconnaissant que le programme d’aide fédéral pouvait être injuste pour les personnes qui gagnent à peine en occupant un emploi dans les services essentiels, le gouvernement québécois a mis sur pied le Programme incitatif pour la rétention des travailleurs essentiels (PIRTE). Les personnes admissibles pourront demander cette aide à partir du 19 mai et recevront 100 $ pour chaque semaine de travail admissible, rétroactivement au 15 mars 2020, pendant un maximum de 16 semaines. Pour y avoir droit, il faut : travailler à temps plein ou à temps partiel dans un secteur lié aux services essentiels, gagner un salaire brut de 550 $ ou moins par semaine, avoir un revenu annuel d’au moins 5 000 $, être âgé d’au moins 15 ans et résider au Québec.
Le PIRTE en bref
Un programme temporaire, rétroactif au 15 mars, pour les travailleuses et les travailleurs à faible revenu des services essentiels donnant droit à un montant de 100 $ par semaine pendant 16 semaines.
Extrait du numéro de mai 2020 du journal Le Réflexe.