Le travail au temps de la Covid-19
Syndiqué-es et syndicats au front
Le Québec sur pause, l’image est séduisante et a fait école dans les médias. Mais, c’est oublier un peu vite que plusieurs milieux de travail ont maintenu leurs activités depuis le début de la crise. Le Réflexe est allé à la rencontre de certains de ces syndiqué-es et syndicats qui sont restés au front pendant la pandémie.
Par Nicolas Lefebvre Legault, conseiller à l’information
Santé et services sociaux
L’importance vitale de rester vigilant
Les travailleuses et les travailleurs du réseau de la santé et des services sociaux sont évidemment aux premières lignes dans la lutte contre la Covid-19. Les syndicats ont dû faire preuve d’une grande vigilance, tant pour défendre les droits de leurs membres malmenés à coup d’arrêtés ministériels, que pour faire triompher le gros bon sens.
Une bonne collaboration, mais…
Pierre Émond, président par intérim du Syndicat des travailleuses et des travailleurs du CHU de Québec (CSN), reconnait sans problème qu’il règne une bonne collaboration avec la direction. « On se parle tous les jours et, sur le plan des relations de travail, ça se passe bien », nous dit-il. Ce qui n’empêche pas que le syndicat a dû intervenir vigoureusement pour faire triompher le gros bon sens.
Contrairement à ce qu’on aurait peut-être pu croire, le CHU n’a pas été confronté directement à un foyer d’infection de la Covid-19, la maladie ayant plutôt fait des ravages dans les CHSLD (qui relèvent du CIUSSS). Le CHU a donc accepté de prêter du personnel, sur une base volontaire, pour aller aider là où c’était nécessaire. « Les gens lèvent la main, dès la première semaine, plus de 175 personnes se sont portées volontaires pour aller prêter main-forte au centre de convalescence installé à l’Hôtel Le Concorde, à la Maison Paul-Triquet et dans un CHSLD de Laval », explique le président par intérim.
Lorsque la direction du CHU a annoncé qu’elle n’avait pas l’intention de faire passer de tests à la quinzaine de personnes qui étaient allées prêter main-forte à Laval, Pierre Émond n’en croyait pas ses oreilles. « Pour nous ça n’avait pas d’allure, en toute logique les gens devraient passer des tests et être mis en quarantaine, c’est le gros bon sens », dit le syndicaliste, « nous avons écrit à la santé publique, la fédération a alerté les journaux et la CSN a contacté la CNESST ».
Ce n’est qu’après deux jours d’attention médiatique que la direction du CHU a changé son fusil d’épaule et a décidé de placer en isolement les personnes symptomatiques et de tester tout le monde. « Je suis content qu’on aille aider là où c’est chaud, c’est un beau geste, je dis bravo le CHU, mais faites-leur passer des tests, c’est quoi 15 tests ? », demande Pierre Émond, « la logique c’est ça, ils nous disent de ne pas aller dans d’autres régions, notre demande c’est juste le gros bon sens ».
Loin d’être un cas isolé, tous les syndicats du secteur de la santé ont dû faire des interventions similaires pour faire triompher le gros bon sens. Par exemple, au CIUSSS de la Capitale-Nationale, il a fallu des interventions médiatiques pour que cesse la mobilité du personnel entre les sites contaminés et les autres.
Penser l’après Covid-19
Du côté des professionnels et des techniciens en santé et services sociaux, la présidente du SPTSSS, Nicole Cliche, s’inquiète pour l’après-Covid. « On a une bonne collaboration avec l’employeur, mais il faut parler des services sociaux, par exemple en santé mentale, il y a du monde qui va tomber quand la poussière va retomber, on va voir des dépressions et des burnout, on aura besoin que le réseau des services sociaux soit équipé pour y faire face », illustre-t-elle.
Nicole Cliche se dit préoccupée par la santé de ses membres. « On a des gens qui sont au front, qui suivent à la lettre les consignes et les mesures de protection, mais qui tombent malades pareil », révèle-t-elle, « nos connaissances du virus sont encore partielles, il faut qu’on apporte rapidement les correctifs si on se rend compte que les mesures de protection ne font pas leur travail ».
Résidences privées pour aînés
Rentrer travailler la peur au ventre
« Les travailleurs et les travailleuses rentrent avec la peur au ventre, mais on est heureux de n’avoir eu aucun cas de Covid dans nos résidences depuis le début de la crise », lance Gilles Gagné, président du Syndicat des centres d’hébergement privés de la région de Québec (CSN).
Au début de la crise, le syndicat a pris l’initiative d’envoyer une lettre à tous les employeurs pour les appeler à respecter les mesures préconisées par la santé publique. Des conférences téléphoniques régulières avec les délégué-es permettent de constater que c’est bien respecté dans l’ensemble.
Il ne manque pas d’équipement de protection individuelle, les gens portent des masques, des visières et des gants notamment. « On a des agents de sécurité aux portes, les salles à manger sont fermées et ce sont des cabarets dans les chambres », indique Gilles Gagné, « ce n’est pas une situation facile pour nos résidents qui, en plus, sont privés de leurs familles ».
« On a une bonne collaboration avec les employeurs, mais il y a une certaine frustration par rapport à la reconnaissance, ça ne va rien leur coûter, c’est le gouvernement qui paie pour tout », note Gilles Gagné, « à l’heure actuelle, il n’y a pas de propriétaire qui sort de l’argent de ses poches en prime pour ses employé-es ».
Même avec la prime de 4 $ de l’heure, les employé-es des résidences privées gagnent moins que les employé-es du secteur public. « Pour régler le problème de pénurie de main-d’œuvre dans le secteur, il faudrait que la prime soit permanente », croit Gilles Gagné, « il faut que le gouvernement se responsabilise auprès des aîné-es et leur donne les services auxquels ils ont droit et régisse un peu plus les conditions de travail dans les résidences privées ».
Petite enfance
Les travailleuses ne veulent pas jouer à la police
Les travailleuses des CPE et des services de garde en milieu familial demandent des règles claires pour encadrer le déconfinement, afin de ne pas avoir à jouer à la police avec les parents.
« Jusqu’à maintenant, il n’y a pas eu de problèmes graves dans les CPE », dit Louise Labrie, représentante du secteur des Centres de la petite enfance à la FSSS-CSN, « on a eu une bonne collaboration avec la plupart des employeurs. Le problème c’est que le ministère fait des recommandations, mais que le droit de gérance demeure ».
« On est habituées d’être confrontées à des virus bénins », explique Louise Labrie, « se retrouver confrontées à quelque chose d’aussi majeur que ça c’est difficile pour beaucoup de travailleuses, on se sent poussées au front pour permettre aux services essentiels de fonctionner et maintenant à l’économie de repartir. » L’enjeu principal pour le syndicat est le refus de retirer des travailleuses plus à risque à cause de problèmes de santé, « les employeurs veulent qu’elles se mettent en sans solde ou en maladie alors que le ministère leur donne des sous pour pouvoir les payer ».
« À partir du moment où on va augmenter le nombre d’enfants, il va y avoir des enjeux parce qu’on a une pénurie de main-d’œuvre dans le secteur », indique la représentante syndicale. Actuellement, plusieurs travailleuses sont affectées à des opérations de désinfection intensives tandis que d’autres s’occupent des enfants. « On risque de manquer de monde pour la désinfection et ça va poser des problèmes pour la continuité des services », dit Louise Labrie, « c’est une roue qui tourne, il va falloir être extrêmement prudent avec le plan de déconfinement ».
Les mesures de distanciation sociale mises en place pendant le confinement risquent d’être difficiles à appliquer dans l’avenir. « Actuellement, il n’y a pas de parent qui entre dans les installations, on fait l’accueil individuel des enfants, ça va être difficile de maintenir ça », pense Louise Labrie. Par contre, les travailleuses qui n’avaient pas accès à des équipements de protection individuelle, sauf des gants, auront désormais accès à des masques et des visières.
Milieu familial
Du côté des services de garde en milieu familial, la situation est source d’énormément de stress. « Pour les travailleuses, leur maison c’est le lieu sécuritaire, mais nous on l’ouvre à plusieurs familles notre maison », explique Sylvie Gobeille, présidente du Syndicat des éducatrices en milieu familial de Portneuf (CSN), qui précise qu’elle n’a aucune manière de savoir si les parents respectent les mesures de distanciation sociale au quotidien.
Sylvie Gobeille déplore que les RSG aient été laissées dans le noir jusqu’à la dernière minute. « Ça a un effet sur la santé mentale des personnes, on a beaucoup d’appels et de courriels de nos membres », explique la présidente, « on a encore des questions sans réponses sur les éducatrices âgées, qu’est-ce qu’elles vont faire les RSG qui ont plus de 60 ans ? Qui va les payer ? ». La charge de travail, avec la désinfection et la distance à maintenir tant bien que mal, va s’alourdir et changer la donne. « La garderie que les enfants vont retrouver, ce ne sera pas la garderie qu’ils ont connue », explique-t-elle, « on va être de moins en moins des éducatrices, faute de temps ».
« On veut rouvrir, on comprend que c’est important, mais on veut avoir des directives claires et des outils », conclut Sylvie Gobeille, « on veut une marche à suivre qui va être partagée avec les parents sinon on s’en va vers des chicanes avec les parents ». La dernière chose que veulent les travailleuses c’est de devoir jouer à la police avec les parents.
CÉGEP
La crainte du précédent
Comme la question de l’enseignement à distance était l’un des gros enjeux de la négociation sectorielle, on comprendra la nervosité de François Chassé, président du Syndicat des professeurs du collège François-Xavier-Garneau (CSN).
« Chez nous, grosso modo, les choses se passent plutôt bien », nous dit François Chassé, « les balises de la reprise de la session ont été discutées entre la direction et le syndicat, on ne s’est pas colletaillés, tout le monde travaille dans le même sens. » Pour tout ce qui concerne l’organisation pédagogique, syndicat et direction travaillent pratiquement en mode paritaire, nous dit-il.
Au début, le syndicat a dû faire des représentations pour amener la direction à communiquer plus efficacement avec le personnel et les étudiantes et étudiants. Par la suite, le rôle syndical fut plutôt de piloter la relance de la session avec la direction. L’équipe syndicale en ressort renforcie. « On a beaucoup axé notre action sur la communication avec les membres, ça a été très apprécié parce que, dans notre contexte, c’est beaucoup plus le syndicat qui informe les membres de ce qui se passe que la direction », explique François Chassé.
Enseignement à distance
« Essentiellement, les profs sont pris pour adapter leur enseignement pour le donner à distance », explique le président du syndicat, « c’est une expérience tout à fait nouvelle qui pose de gros défis d’adaptation et demande des compromis sur nos idéaux de perfection ». Ça a été un casse-tête au début parce que les profs n’avaient même pas accès au CÉGEP pour récupérer leur matériel, mais depuis deux semaines ils ont un accès contrôlé. Selon François Chassé, ça se passe bien dans la mesure où la direction ne met pas trop de pression. « On nous a dit qu’il fallait être réaliste et qu’on s’attendait à ce que tout le monde fasse son possible », dit-il.
La forme de la reprise demeure incertaine. « Le feeling au national c’est que ça va finir avec une reprise hybride à l’automne avec des mesures d’étalement de l’horaire, une partie des cours en présentiel et une partie à distance », explique François Chassé, « il faut comprendre que ce n’est pas du tout la même chose, terminer une session en catastrophe et en commencer une à distance ».
« On a un peu l’impression que le dentifrice est sorti du tube avec l’enseignement à distance et qu’on est en train de faire une gigantesque expérimentation pratique à laquelle on n’aurait jamais consenti normalement. Ça va influencer notre réflexion et notre rapport de force sur cet enjeu, on ne sait juste pas si ce sera positif ou négatif » laisse-t-il tomber, « on espère juste qu’on n’est pas en train de créer un précédent ».
SAQ
Devoir se battre pied à pied
« Est-ce que vous avez une bonne collaboration de l’employeur ? » La réponse tombe, sans hésitation, « non ». « Il faut toujours se battre et argumenter, ça devient lourd », explique Pascale Sauvageau, déléguée régionale de la Capitale-Nationale Est au SEMB-SAQ, « on dirait que la SAQ n’est pas humaine en fait ».
Pascale Sauvageau nuance, un peu, « ça va mieux, on a eu beaucoup de difficultés, la SAQ a été très lente à réagir ». Les plexiglas qui sont apparus un peu partout, par exemple, ne sont arrivés que dans la semaine du 4 avril à la SAQ. « On se sent plus en sécurité depuis », dit la déléguée.
« Ça a été long pour que les gens qui ont des problèmes de santé puissent se retirer, ça s’est réglé début avril, on a plusieurs membres qui ont dû piger dans leur banque de congé et de maladie, la SAQ a été très lente à s’occuper des gens plus fragiles », dit Pascale Sauvageau, « même aujourd’hui, ce n’est pas réglé, la SAQ est souvent à côté de la plaque par rapport aux situations que vivent les gens avec les enfants, les conjoints en télétravail, etc. ».
« La crise a amené beaucoup de difficultés pour les temps partiels, les nouvelles heures d’ouverture ont amené beaucoup de coupures d’heures », explique la déléguée, « tout le mois d’avril a été un combat assidu pour récupérer ce qu’on a perdu et c’est encore très bas ». Selon Pascale Sauvageau, la SAQ fait plus de profits que d’habitude avec moins d’effectifs. « Résultat : on a des employé-es à bout et fatigués », explique-t-elle.
Contrairement à plusieurs autres endroits, il n’y a pas eu de prime Covid à la SAQ. « On n’a pas de prime et on n’en a pas demandé comme syndicat », explique Pascale Sauvageau, « on se considère privilégiés parce qu’on reste ouvert, on continue de travailler, on a un bon salaire, on ne voulait pas avoir encore l’air de bébés gâtés dans les médias ». Par contre, selon la déléguée, la SAQ va devoir allumer et offrir plus d’heures, en dehors des heures d’ouverture, pour permettre d’organiser la logistique dans les magasins.
« C’est une situation pas facile, on est pris là-dedans pour un bout, on va respecter toutes les normes et les faire respecter par les clients », dit Pascale Sauvageau qui conclut en invitant le public à manifester son appréciation au personnel des commerces. « On apprécie les remerciements de la clientèle, on n’en a pas beaucoup, saluez donc les travailleuses et les travailleurs quand vous allez à l’épicerie, à la pharmacie, ça fait une différence pour le moral de tout le monde », dit-elle.
Olymel
Travailler dans un aquarium
« On travaillait dans un abattoir, on est rendu dans un aquarium », illustre Martin Maurice, président du Syndicat des travailleurs d’Olymel Vallée-Jonction (CSN), pour parler de l’omniprésence du plexiglas dans l’usine.
« Présentement, ça ne va pas si pire, on a eu 17 cas de Covid sur les quarts de soir, 5 personnes sont maintenant guéries », nous dit le président du syndicat, « côté production, ça roule à plein régime ». Les mesures ont été longues à mettre en place, « on a pris deux semaines de retard, sans ça on n’aurait peut-être pas eu autant de cas ».
Si la direction locale était ouverte à collaborer avec le syndicat, la haute direction de Saint-Hyacinthe bloquait. « Le syndicat a dû faire des démarches auprès de la CNESST et de la santé publique, on a envoyé deux mises en demeure à Olymel », explique Martin Maurice qui dit avoir dû mettre beaucoup de pression avant d’obtenir gain de cause, « j’ai passé deux semaines en conférence téléphonique, tous les soirs ».
Aujourd’hui, les mesures sont en place. « Il y a une prise de température volontaire à l’entrée et une personne qui pose des questions sur la présence de symptômes, il y a du plexiglas pratiquement partout pour séparer les travailleurs, là où il n’y en a pas la visière est obligatoire, le port du masque est volontaire, sauf pour ceux qui sont en contact quotidien avec plusieurs personnes », énumère le syndicaliste. La cafétéria a été réaménagée pour respecter le 2 mètres de distance et six roulottes ont été ajoutées pour compenser, les horaires ont changé pour éviter que les quarts de travail se croisent et des gardiens de sécurité ont fait leur apparition pour faire respecter le 2 mètres de distance entre les travailleuses et les travailleurs.
Une prime de risque de 2 $ de l’heure a été instaurée. « Au début, c’était une prime d’assiduité, mais comme c’est contre-productif, les gens risquent de venir travailler malades pour qu’elle soit payée, on a fait changer ça en prime de risque », explique le président du syndicat qui indique que le temps supplémentaire, la formation et l’embauche sont suspendus pour l’instant. « On leur a aussi demandé d’arrêter de gérer l’absentéisme et de donner un break aux gars », ajoute-t-il.
« Présentement, on se sent quand même assez en sécurité, on verra avec le déconfinement comment ça va se passer », dit Martin Maurice, « le masque va probablement devenir obligatoire ». « Ce qu’il faut réussir à faire comprendre aux gens c’est que ce n’est pas juste pour eux les mesures de distanciation sociale, c’est la santé de tous les travailleurs qui est en jeu, c’est collectif », conclut le président du syndicat.
Entrepôt Métro
Le bon exemple
La chaîne Métro est exemplaire si on en croit Luc Lafond, président du Syndicat des travailleurs et travailleuses des Épiceries Unies Métro-Richelieu Newton Québec (CSN). « Pour une fois que je suis d’accord avec Métro… », laisse-t-il tomber, tout surpris.
« Ça se passe bien à l’entrepôt », nous dit Luc Lafond, « dès la première semaine, Métro s’est adapté, ils ont pris de bonnes mesures, là-dessus ils ont fait du bon travail ». Le président du syndicat est informé au fur et à mesure de tous les changements et a un suivi quotidien.
« C’est sûr qu’il y a toujours un peu d’inquiétudes, mais on n’a pas vécu trop de stress, sauf au début », explique le président du syndicat, « les employé-es ne sont pas obligés de rentrer s’ils sont à risque, on a quatre membres qui ont choisi de rester chez eux ». Métro a rapidement instauré une prime de risque de 2 $ de l’heure du 8 mars au 30 mai.
« Quand on rentre à l’entrepôt, il y a une station de lavage de mains, un questionnaire sur les symptômes et une infirmière qui prend ta température », explique Luc Lafond, « il y a des lingettes pour désinfecter les équipements qu’on utilise, il faut les nettoyer à chaque fois, il y a plus de tolérance pour la préparation des commandes, on respecte la distance de 2 mètres partout, ils ont réaménagé la cafétéria et les pauses ».
« Je pense que la crise va avoir un impact sur l’emploi, d’après moi ça va être plus stable, les gens vont rester plus longtemps », pense Luc Lafond « avant la crise il manquait 25 personnes à l’entrepôt, là on a pu en engager 30, pour la première fois depuis longtemps, il n’y a plus de temps supplémentaire. Je pense qu’il y aura moins de pénurie de main-d’œuvre et que ça va changer nos habitudes de vie ».
Reprise et déconfinement
La santé-sécurité au travail doit être une priorité nationale
Si les choses se sont bien passées dans la majorité des cas, nous avons été à même de constater, comme l’a fait le président de la CSN dans un communiqué récent, que ce ne fut pas le cas partout. « Il a fallu se battre à de nombreux endroits afin de s’assurer que la santé et la sécurité des travailleuses et des travailleurs soient correctement protégées », rappelle Jacques Létourneau.
Nous sommes bien obligés de lui donner raison lorsqu’il avertit que « si le gouvernement pense que le renforcement des mesures de santé et de sécurité au travail se fera comme par magie, il se trompe totalement. Des directives très claires doivent être envoyées sans délai aux employeurs afin que les équipements de protection individuels soient accessibles pour les employé-es et que des mesures soient prises en matière de distanciation sociale. »
La CSN souligne que, tant dans le secteur privé que dans les secteurs publics et parapublics, de nombreux problèmes de santé et de sécurité au travail sont survenus en lien avec la propagation de la COVID-19. Ce fut le cas, comme nous avons pu le constater, dans certains réseaux de transport en commun, dans la chaîne agroalimentaire, dans le commerce au détail et dans certaines sociétés publiques comme la SAQ, sans parler du réseau de la santé et des services sociaux, où des travailleuses et des travailleurs ont été contaminés.
Là où les employeurs ont fait preuve d’ouverture et ont favorisé le dialogue avec les syndicats, les choses se sont beaucoup mieux passées. De nombreux ajustements peuvent être apportés en matière d’horaires, d’organisation du travail et de mise en place de mesures qui diminuent les risques de propagation. Les résultats parlent d’eux-mêmes dans les milieux de travail où cette collaboration s’est concrétisée.
Extrait du numéro de mai 2020 du journal Le Réflexe.