Hôtellerie : un mouvement de grève qui prend de l’ampleur au Québec
Exaspérés par la lenteur des négociations, les employé-es de l’hôtel Delta Sherbrooke ont déclenché une première grève ce matin dès 7 h, à la suite du débrayage exercé au Delta Québec la veille. Le mouvement de moyens de pression lourds prend de l’ampleur et d’autres débrayages sont à prévoir au cours des prochains jours un peu partout au Québec en raison de pourparlers qui traînent en longueur dans plusieurs hôtels.
Les employé-es du Delta Québec se sont également dotés jeudi d’un mandat de grève pouvant aller jusqu’à la grève générale illimitée (adopté à 98 %). De leur côté, les employé-es de l’hôtel Quality de Sherbrooke ont obtenu mercredi un mandat de grève à l’unanimité. Il s’agit d’une banque de 72 heures à exercer au moment jugé opportun.
Une dizaine de syndicats dispose maintenant d’une telle banque de journées de grève.
Delta Sherbrooke et Québec sur la sellette
Le trésorier et responsable du secteur Tourisme de la Fédération du commerce (FC–CSN), Michel Valiquette, a semoncé les dirigeants de l’hôtel Delta à Sherbrooke, qui ne semblent pas prendre au sérieux la détermination de ses employé-es à améliorer leurs conditions de travail. « Nous ne sentons aucune volonté de la part de l’employeur dans ce dossier. Il propose également de nombreux reculs alors que nous avons été très clairs depuis le début : les syndiqué-es n’accepteront pas de reculs sur les conditions de travail. De notre côté, nous sommes prêts à régler. Souhaitons que le Delta démontre la même volonté rapidement. » Michel Valiquette a souligné que les mêmes tactiques sont utilisées au Delta Québec pour étirer la négociation.
Déjà une première entente prometteuse dans le secteur de l’hôtellerie
Le représentant de la FC–CSN a également rappelé qu’une première entente a déjà eu lieu ce mercredi avec la centrale syndicale dans le secteur hôtelier (Suites Faubourg St-Laurent) et il souhaite qu’elle puisse inspirer d’autres employeurs comme l’hôtel Delta. Cette entente prévoit notamment des augmentations salariales de 1,5 %, 2 %, 2 % et 2,5 % chaque année, une bonification du régime d’assurance et des clauses de protection du lien d’emploi qui permettent une réintégration des employé-es licenciés depuis le début de la pandémie.
Outre les augmentations salariales et le refus des reculs sur les conditions de travail, les enjeux de la négociation à l’hôtel Delta Sherbrooke sont la réduction de la charge de travail pour les préposées aux chambres et le règlement d’un litige au sujet des congés de maladie.
Le président du Conseil central des syndicats nationaux de l’Estrie–CSN, Denis Beaudin, a aussi tenu à rappeler le Delta Sherbrooke à l’ordre alors que d’autres employeurs ont démontré davantage de bonne volonté jusqu’à maintenant. « Ce n’est pas sorcier : nos demandes sont pourtant très raisonnables, mais l’employeur doit aussi comprendre qu’on ne peut attirer et retenir la main-d’œuvre dans un contexte de pénurie d’emplois avec des restes de table. »
À propos de la négociation coordonnée de l’hôtellerie
Les 26 syndicats de l’hôtellerie affiliés à la CSN (plus de 2 500 membres) ont chacun le mandat de négocier avec leurs employeurs respectifs l’ensemble de leurs conditions de travail, mais sont liés par une série de demandes communes au sujet des salaires, des assurances collectives et de la protection du lien d’emploi notamment. De ce nombre, près d’une dizaine de syndicats dont les négociations piétinent a tout récemment adopté des mandats de grève de 72 heures à effectuer au moment jugé opportun.