Équité salariale
Plus de 25 ans de travail, et encore du chemin à faire !
Les syndicats du réseau de la santé ont relancé récemment la lutte pour régler des plaintes en maintien de l’équité salariale qui trainent depuis plus de 12 ans. Josée Marcotte, vice-présidente du secteur public à la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN) est catégorique : « Le gouvernement veut devenir un employeur de choix. Nous ce qu’on lui dit c’est qu’il y a urgence d’agir pour régler ces plaintes en équité salariale. On a une pénurie majeure pour le personnel de bureau (…) et quand on ajoute les problématiques d’équité salariale, il n’y a rien qui nous aide à retenir notre monde. »
Militer par l’action !
Pour essayer de renverser la tendance et faire bouger les
choses, plusieurs syndicats se mettent en action quotidiennement. Sur la Rive-Sud de Québec, le Syndicat du personnel de bureau, techniciens et des professionnels de l’administration de Chaudière-Appalaches – CSN a commencé dernièrement à remettre de l’avant les enjeux d’équité salariale.
La présidente du syndicat, Annie Dubois, rappelle que « ce sont 64 % de nos membres qui sont affectées par ces plaintes en équité salariale. C’est un gros morceau et je peux vous confirmer qu’elles ont hâte d’avoir ce qu’elles méritent ! »
Pour mettre de l’avant l’enjeu, le syndicat a fait une tournée de certains établissements au début du mois de mars pour encourager les échanges et la discussion sur la question. Il n’en a pas fallu beaucoup pour que les membres se sentent impliquées et concernées. « La participation a été excellente et les échanges ont été très positifs. Je pense sincèrement que ça a aidé l’enjeu de pouvoir en parler ensemble et de le revendiquer. »
Lorsque questionnée sur l’impact qu’à une telle lenteur dans le traitement des plaintes en matière d’équité salariale, la présidente était sans équivoque, « abandonnée ». C’est le terme qu’elle a utilisé pour souligner comment ses membres se sentent face à la situation. À la suite d’années difficiles, dans un contexte de travail changeant et où le manque de main-d’œuvre est criant, elle ne s’explique pas comment le gouvernement peut manquer autant de respect envers sa propre loi et surtout, les femmes qui constituent le réseau de la santé.
12 ans de lutte pour la justice !
Il est évident qu’un manque de reconnaissance aussi flagrant de la part du gouvernement lui-même influence la perception que les femmes ont d’elles-mêmes et de leur travail.
Josée Marcotte souligne à cet effet : « (…) qu’elles se sentent méprisées. Quand on ajoute dans les négociations qu’il y a des groupes prioritaires, mais qu’elles ne sont jamais incluses ; c’est du mépris, un manque de reconnaissance flagrante et on arrive à la limite de ce qu’elles sont capables d’endurer après 12 ans d’attente. »
Au même moment où cette lutte fait rage, le secteur public est en pleine renégociation de ses conditions de travail. En parallèle de cette négociation, le gouvernement tarde et tarde à reconnaitre comme il se doit les femmes qui travaillent dans des domaines administratifs.
Mélanie Pelletier, deuxième vice-présidente et responsable du dossier de la condition féminine au Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches (CSN) y voit l’exemple parfait d’une ségrégation entre les hommes et les femmes dans le secteur public. « Alors que les salaires de la population en général continuent d’augmenter tous les ans, on observe une stagnation des salaires dans le secteur public. Malheureusement, parce qu’elles y sont largement majoritaires (plus de 78 %), ce sont les femmes qui écopent le plus de cette situation et qui doivent se battre jour après jour pour être respectées ! »
Cette stagnation des salaires témoigne du fait que les mesures d’austérité des 18 dernières années ont touché plus durement les femmes, mais également du fait que l’État employeur a usé et abusé de son pouvoir législatif en limitant sévèrement le droit de grève et en imposant plus souvent qu’à son tour les conditions de travail du personnel du secteur public par décret.
« À l’image de sa gestion globale du secteur, les plaintes en équité salariale et leur délai de traitement sont de bons exemples de la mauvaise gestion et du mépris du gouvernement envers ces femmes qui y travaillent. Imaginez, ça fait plus de 12 ans que le litige perdure, 12 ans à attendre la justice la plus élémentaire. »
Cependant, si le passé peut être garant de l’avenir, souvenons-nous que le gouvernement a toujours plié face aux demandes des syndicats en matière d’équité salariale au profit des travailleuses des secteurs affectés. Ce n’est qu’une question de temps avant que la victoire soit vôtre mesdames ! Équité et solidarité pour toutes et tous !
Vous avez dit équité salariale ?
Le chemin est long et parsemé d’embuches pour les femmes désirant atteindre une fois pour toutes l’équité salariale. Malgré l’adoption en 1996 d’une loi portant spécifiquement sur la question, le salaire moyen d’une femme représentait 91 % du salaire moyen d’un homme en 2021. Il est plus que malheureux de voir encore aujourd’hui, plus de 25 ans suivant l’adoption de la loi, des femmes de partout au Québec avoir de la difficulté à atteindre l’équité salariale qu’elles méritent !
Comble de l’ironie, même les postes gouvernementaux ne sont pas encore complètement équitables en termes de salaire. Cela fait maintenant 12 ans que des plaintes en matière d’équité salariale ont été formulées au gouvernement pour des postes dans les secteurs administratifs et de bureau. Cela représente près de 30 000 femmes qui attendent encore d’être reconnues comme elles se doivent. Le gouvernement lui-même, qui devrait être un grand défenseur des lois qu’il adopte, ne les respecte même pas !
Pourtant, le fondement de leur revendication est simple. Dans le cadre de la Loi sur l’équité salariale, le gouvernement est obligé de prendre une photo de la situation pour analyser si la situation a évolué. À cet effet, il a pris une première photo de leur travail en 2001. À l’époque, les travailleuses travaillaient encore avec une dactylo. Malheureusement, quand le gouvernement a repris sa photo en 2010 et 2015, il a considéré que la tâche était toujours la même.
« Comme s’il n’y avait jamais eu de différence et d’évolution du travail entre la dactylo et l’ère numérique. On paye ces femmes-là comme si on était encore à l’air de la dactylo ! », s’indigne la vice-présidente de la FSSS–CSN, Josée Marcotte.
Extrait du numéro d’avril 2023 du journal Le Réflexe