Les chargé·es de cours de l’Université Laval déclenchent la grève
Après un blitz de deux jours intensifs de négociation et après moult avertissements depuis les derniers mois, le Syndicat des chargées et chargés de cours de l’Université Laval (SCCCUL–CSN) décide d’exercer le mandat de grève voté à 93 % par les membres en novembre 2023. À compter de 9 h ce matin, pour quatre jours (jusqu’à mardi prochain), les membres vont débrayer.
« Ce n’est jamais de gaieté de cœur que l’on décide de faire la grève, surtout lorsqu’on mesure l’impact important d’un tel débrayage sur la formation des étudiantes et des étudiants. Mais l’entêtement de l’employeur à vouloir maintenir l’appauvrissement des chargé-es de cours est inacceptable. Nos membres donnent plus de la moitié de l’enseignement au premier cycle. Ils méritent reconnaissance, d’autant plus que l’Université réalise des surplus et a la capacité de payer », s’indigne Louis Emond, président du SCCCUL–CSN.
En effet, l’employeur refuse de consentir à ces piliers de l’enseignement une augmentation salariale qui tiendrait compte de l’inflation effrénée des dernières années et de la rémunération versée dans les autres universités du Québec. « En toute logique, un rattrapage salarial s’impose si l’Université Laval veut continuer d’attirer les cerveaux. Comment se fait-il que la direction refuse d’agir pour éviter une répétition de la grève dévastatrice tenue l’an dernier par les professeur·es », se questionne Christine Gauthier, vice-présidente de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec (FNEEQ–CSN), responsable du regroupement université.
Danger pour la réputation de l’Université Laval
Dans la grande région de Québec, l’Université est un moteur économique indispensable. « Je m’inquiète pour la réputation enviable de l’Université Laval, visiblement incapable d’éviter les conflits de travail avec ses employé·es. Chaque jour de grève entache ici, mais également au-delà de nos frontières, la renommée de l’établissement. Pourtant, cette évidence de base en matière de relation industrielle est enseignée dans les murs mêmes de l’Université Laval », ironise François Proulx-Duperré, secrétaire général du Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches (CCQCA–CSN).
Déclencher une grève est un geste ultime. Mais les 1700 chargé-es de cours du SCCCUL–CSN savent qu’ils ne sont pas seuls dans leur combat pour la reconnaissance. Ils peuvent compter sur l’appui d’une résolution adoptée à l’unanimité par les membres de la FNEEQ–CSN lors d’une instance tenue il y a deux semaines. La solidarité entre les douze syndicats universitaires affiliés à la fédération prend ainsi tout son sens.
Les membres du SCCCUL–CSN sont sans contrat de travail depuis décembre 2022. Près d’une quarantaine de journées de négociation se sont déroulées jusqu’à maintenant, dont plusieurs en présence d’un conciliateur. Le syndicat dispose d’un mandat de dix jours de grève au total.