Vraiment public
La CSN sonne la charge contre la privatisation du réseau de la santé et des services sociaux
La Confédération des syndicats nationaux (CSN) maintient le cap sur sa campagne Vraiment public, une initiative visant à contrer la privatisation rampante du réseau de la santé et des services sociaux (RSSS) au Québec. Alors que les défis s’accentuent dans le système public, la CSN appelle à une mobilisation citoyenne pour exiger un réseau de santé vraiment public, décentralisé et démocratisé.
Un constat alarmant : la privatisation grignote le réseau public
Depuis plusieurs années, la CSN observe avec préoccupation l’infiltration croissante du secteur privé dans le domaine de la santé. Cliniques privées, agences de placement de personnel, PPP (partenariats public-privé) : autant de facteurs qui fragilisent le système public et nuisent à l’accessibilité et à la qualité des soins.
Pour David Bergeron-Cyr, vice-président de la CSN, le danger est réel : « On risque de perdre la pierre d’assise la plus importante de notre système : son caractère public. C’est une fierté qui nous distingue et qui promet à toutes et tous une société plus équitable et solidaire. Lorsqu’on investit dans le privé, comme le font tous les gouvernements depuis 30 ans, on ne règle rien. C’est clairement la mauvaise direction à prendre. »
De plus en plus de Québécois se tournent vers les cliniques privées, faute d’accès aux services publics, ce qui entraîne des coûts supplémentaires pour le système et creuse les inégalités d’accès aux soins. Le recours aux agences de placement de personnel pour combler les pénuries de main-d’œuvre est devenu monnaie courante dans le secteur public. Or, cela engendre des coûts élevés et nuit à la qualité des soins, car les travailleurs d’agences sont souvent moins bien formés et inexpérimentés. Enfin, les PPP, utilisés pour construire et gérer des hôpitaux, CLSC et autres établissements, sont critiqués pour leur manque de transparence, leur coût important et leur impact négatif sur la qualité des soins.
Des conséquences néfastes pour les patients et les travailleurs
La privatisation du RSSS entraîne une série de conséquences néfastes pour les patients et les salariés. Les listes d’attente s’allongent, les soins deviennent de plus en plus dispendieux et la qualité des services s’en ressent. De l’autre côté, les travailleuses et les travailleurs du secteur public sont confrontés à des conditions de travail dégradées, à une surcharge et à un manque de ressources. Tout ça au profit d’un réseau privé qui ne viendra pas régler les problèmes du système actuel. Les coûts n’en seront pas diminués et la qualité des soins ne sera pas au rendez-vous.
Pour la présidente du Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches, Barbara Poirier, la situation est scandaleuse : « On n’en parle pas assez souvent, mais la qualité du travail fait par les agences de placement est très discutable. Contrairement à ce que l’on peut penser, il arrive que des personnes perdent leur emploi dans le réseau public pour différentes raisons. Il n’est pas rare de les revoir, parfois exactement au même poste, mais à l’emploi d’une agence de placement avec un plus gros salaire. Et il n’y a absolument rien que l’on peut faire même s’il y a eu des manquements majeurs! C’est choquant. »
À qui profite un réseau en mille morceaux ?
Malgré toutes les indications que le réseau est en grave difficulté, et que tous les indicateurs démontrent que le privé en santé n’est pas une solution, nos gouvernements et nos décideurs publics continuent de pousser notre réseau dans cette direction.
À qui profite une telle situation ?
Pour David Bergeron-Cyr, la réponse est évidente : « Ça profite aux médecins-entrepreneurs et aux gens d’affaires de notre société. Plus le réseau se désagrège et plus il y aura des opportunités d’affaires. Ces personnes-là ont des intérêts financiers avant l’intérêt des soins de santé de la population, c’est aussi simple que ça ! »
De l’autre côté de cette médaille se trouve le reste de la population, mais surtout les plus vulnérables de notre société. Les personnes qui n’ont pas ou peu de moyens et qui ont tout autant besoin d’avoir accès à des soins de qualité rapidement. Si notre système continue sur sa trajectoire actuelle, le fossé continuera de se creuser jour après jour jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien pour celles et ceux qui en ont le plus besoin.
« On va créer deux classes de citoyennes et citoyens. D’un bord, les riches qui ont les moyens de se faire soigner, et de l’autre, tous les autres qui vont crever ou vivre leur vie malade parce qu’on a déjà de la misère à joindre les deux bouts. C’est le monde que les politiciens sont consciemment en train de créer, c’est ça le plus enrageant », s’indigne Barbara Poirier.
La CSN propose des solutions concrètes
Face à ce constat alarmant, la CSN propose des solutions concrètes pour renforcer le réseau public et enrayer la privatisation. Parmi les mesures préconisées, on retrouve :
- L’augmentation des investissements dans le secteur public afin de doter les hôpitaux et les CLSC des ressources nécessaires.
- L’embauche massive de personnel pour pallier la pénurie de main-d’œuvre et réduire la surcharge de travail.
- L’amélioration des conditions de travail pour attirer et retenir les travailleurs qualifiés.
- Le développement de solutions alternatives à la privatisation, telles que les coopératives de santé.
- La mise en place de mécanismes de contrôle pour encadrer les activités du secteur privé dans le domaine de la santé.
Un enjeu crucial pour l’avenir du Québec
L’avenir du réseau de la santé et des services sociaux est un enjeu crucial pour l’avenir du Québec. La CSN est convaincue qu’un réseau vraiment public est la meilleure solution pour garantir des soins de qualité à tous les Québécois. La mobilisation citoyenne est essentielle pour faire face aux défis qui s’annoncent et pour construire un système de santé plus juste et équitable.
Un appel à la mobilisation citoyenne
La CSN invite la population à se mobiliser pour défendre un réseau de santé public de qualité accessible à tous. Divers événements et actions de sensibilisation sont organisés dans le cadre de la campagne Vraiment public. Il est crucial que les citoyens se fassent entendre et exigent des changements concrets pour protéger leur système de santé. Un sondage est d’ailleurs mené auprès de la population pour obtenir vos opinions sur la question de la privatisation. Si vous avez vécu ou vivez encore les impacts de la privatisation du réseau de santé dans vos soins, votre opinion nous intéresse grandement !
Extrait du numéro de mai 2024 du journal Le Réflexe