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Un filet social de crise pour les travailleuses et les travailleurs

Photo : Andrea Piacquadio

PCU, PIRTE et cie

Un filet social de crise pour les travailleuses et les travailleurs

Même si les annonces ont pu sembler improvisées et légèrement chaotiques, on ne peut pas reprocher aux gouvernements d’être restés les bras croisés face à l’arrêt brutal de pans entiers de l’économie à cause des mesures sanitaires prises pour lutter contre la pandémie.

« Tout a été rapidement mis en place pour permettre à tout le monde d’avoir minimalement un revenu de base en attendant la fin de la crise de la Covid-19 ou la reprise économique », explique Pierre Lachance, le coordonnateur du Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches (CSN). Bref tour d’horizon des prestations d’urgence disponibles.

Par Nicolas Lefebvre Legault, conseiller à l’information


Prestation canadienne d’urgence

La première chose qu’il faut savoir c’est que pour avoir accès à l’aide du gouvernement fédéral, il faut avoir perdu son emploi en raison de la Covid-19. « Une personne ne peut pas quitter volontairement son emploi et demander la prestation canadienne d’urgence parce que ce serait plus avantageux que de continuer à travailler », explique Pierre Lachance, « elle n’y aura pas droit ». Les deux autres critères importants sont d’être âgé d’au moins 15 ans et d’avoir gagné au moins 5 000 $ en 2019 ou durant les 12 mois précédant la demande. 

« Toutes les personnes qui sont admissibles à l’assurance-emploi doivent faire leur demande sur le site Web de Services Canada », explique Pierre Lachance. Les personnes qui ont perdu leur emploi depuis le 15 mars et qui font une demande d’assurance-emploi sont automatiquement redirigées vers la PCU qui leur donnera droit à 500 $ par semaine pendant un maximum 16 semaines. « Si jamais la personne est encore au chômage après 16 semaines de PCU, c’est l’assurance-emploi régulière qui va embarquer pour le nombre de semaines auquel la personne aurait normalement droit, c’est pour ça que c’est important de s’inscrire à l’assurance-emploi », précise Pierre Lachance. Normalement, selon le coordonnateur, cela permettra aux travailleuses et aux travailleurs saisonniers, comme par exemple ceux des stations de ski (les personnes qui avaient accumulé assez d’heures pour se qualifier à l’assurance emploi avant le 15 mars), de « faire le pont » sans vivre le phénomène de « trou noir ».

Rappelons que, pour la région de Québec, il faut avoir travaillé au moins 700 heures dans les 52 dernières semaines pour être admissible à l’assurance-emploi. « C’est très important de faire ses déclarations aux deux semaines, comme avec l’assurance-emploi », avertit Pierre Lachance, « aussi, il faut savoir que les personnes qui étaient déjà au chômage avant le 15 mars ne peuvent pas mettre fin à leur prestation pour demander la PCU, le seul critère reconnu pour mettre fin à l’assurance-emploi demeure le rappel au travail ». Ce n’est qu’une fois l’assurance-emploi épuisée, si la personne n’a toujours pas de travail, qu’elle pourra faire une demande de PCU.

Le délai de carence habituel de l’assurance-emploi a été supprimé pour la PCU. « C’est très rapide, surtout si les personnes utilisent le dépôt direct », explique Pierre Lachance, « sinon, les gens reçoivent un premier chèque dans les 10 jours ouvrables ».

Le gouvernement a également annoncé une aide pour les travailleuses et les travailleurs qui, sans avoir perdu leur emploi, doivent composer avec des pertes significatives de revenus. « Ce deuxième volet concerne tous les travailleurs autonomes, les salarié-es à temps partiel et ceux et celles qui ont épuisé leurs prestations d’assurance-emploi, mais dont le travail n’a pas repris ainsi que les gens qui gagnent 1000 $ et moins par mois », explique Pierre Lachance. Ces personnes ont également accès à la Prestation canadienne d’urgence, mais doivent faire leur demande directement sur le site de l’Agence du revenu du Canada.


La PCU en bref

Un programme temporaire (du 15 mars au 3 octobre) donnant droit à un montant de 500 $ par semaine pendant 16 semaines.


Photo : Andrea Piacquadio

Qui est admissible à la Prestation canadienne d’urgence (PCU) ?

  • Les personnes qui ont perdu leur emploi ou celles dont le revenu est de moins de 1000 dollars pour une période de quatre semaines ;
  • Les personnes qui ont épuisé leurs prestations d’assurance-emploi ;
  • Les personnes malades ou en quarantaine et les parents qui doivent rester à la maison sans salaire pour s’occuper des enfants en raison de la COVID-19. 

Elle couvre les employé-es, les travailleurs contractuels et les travailleurs autonomes. 

Pour être admissible, le demandeur doit avoir touché un revenu d’emploi, un revenu de travail indépendant ou un congé de maternité ou parental d’au moins 5000 dollars en 2019 ou au cours de la période de douze mois précédant le dépôt de sa demande.


Programme incitatif pour la rétention des travailleurs essentiels (PIRTE)

Reconnaissant que le programme d’aide fédéral pouvait être injuste pour les personnes qui gagnent à peine en occupant un emploi dans les services essentiels, le gouvernement québécois a mis sur pied le Programme incitatif pour la rétention des travailleurs essentiels (PIRTE). Les personnes admissibles pourront demander cette aide à partir du 19 mai et recevront 100 $ pour chaque semaine de travail admissible, rétroactivement au 15 mars 2020, pendant un maximum de 16 semaines. Pour y avoir droit, il faut : travailler à temps plein ou à temps partiel dans un secteur lié aux services essentiels, gagner un salaire brut de 550 $ ou moins par semaine, avoir un revenu annuel d’au moins 5 000 $, être âgé d’au moins 15 ans et résider au Québec.


Le PIRTE en bref

Un programme temporaire, rétroactif au 15 mars, pour les travailleuses et les travailleurs à faible revenu des services essentiels donnant droit à un montant de 100 $ par semaine pendant 16 semaines.


Extrait du numéro de mai 2020 du journal Le Réflexe.

La tradition du 1er Mai

Dessin paru en une du quotidien montréalais La Patrie, le 2 mai 1906.

Chronique historique

La tradition du 1er Mai

Le 1er Mai, ou Journée internationale des travailleuses et des travailleurs, commémore les gains obtenus par le mouvement ouvrier et rappelle les luttes qu’il reste à faire pour améliorer les conditions de vie des travailleuses et des travailleurs. Mais d’où vient cette journée ?

Par Nicolas Lefebvre Legault, conseiller à l’information


Origines

Cette date a été choisie afin de commémorer le souvenir des « martyrs de Chicago », des syndicalistes libertaires américains pendus dans la foulée d’une grève générale déclenchée le 1er mai 1886 pour revendiquer la journée de huit heures. C’est la Deuxième Internationale qui a décidé, en 1889, d’instaurer une journée internationale de lutte pour la réduction du temps de travail avec l’objectif d’atteindre la journée de 8 heures.

L’affiche la plus célèbre de la grève générale de 1886, à Chicago, que le 1er Mai veut rappeler.

À l’époque, la journée de travail est de 10 heures, et plus dans les pays industrialisés. Les partis et syndicats ouvriers font alors de la réduction du travail un axe central de leur action. La revendication fut satisfaite dans la plupart des pays industrialisés, notamment européens, pendant l’entre-deux-guerres. Malgré tout, le 1er Mai demeure l’occasion d’importantes manifestations ouvrières un peu partout dans le monde afin de célébrer les luttes des travailleuses et des travailleurs. C’est même un jour férié dans de nombreux pays.


Au Québec

Au Québec, toutefois, la tradition du 1er Mai a du mal à s’implanter. En effet, en Amérique du Nord, les syndicats préfèrent en général souligner la fête du Travail. Au Québec, le premier lundi de septembre est d’ailleurs férié depuis 1894. La fête du Travail est célébrée, jusqu’à la Deuxième Guerre mondiale, par de grands défilés syndicaux à Montréal comme à Québec.

Dessin paru en une du quotidien montréalais La Patrie, le 2 mai 1907.

Une première manifestation ouvrière est toutefois organisée, à Montréal, le 1er mai 1906. C’est l’initiative de radicaux d’origines juives, qui sont rejoints par des Irlandais et des Canadiens français notamment. Quelques syndicats se joignent à la manifestation qui réunit environ un millier de personnes. La manifestation fait scandale, imaginez, on a osé faire parader le drapeau rouge dans les rues de Montréal! L’année suivante, plusieurs milliers de curieux assistent à la manifestation pour… applaudir la police qui confisque les drapeaux rouges. Des manifestations et des rassemblements, souvent interdits, ont lieu presque tous les ans dans la métropole jusqu’à la Deuxième Guerre mondiale. La tradition tombe par la suite dans l’oubli, le Québec était plongé dans la Grande Noirceur duplessiste.


La journée de 8 heures au Québec

Au Québec, comme ailleurs, les syndicats ont commencé très tôt à négocier la réduction du temps de travail. Même si l’on peut présumer que la journée de 8 heures était la norme dans les milieux syndiqués dès la fin de la Deuxième Guerre mondiale, il a fallu attendre 1980, et la Loi des normes du travail, pour que la semaine normale de travail de 44 heures soit introduite au Québec. Ce n’est qu’en 1997 que la semaine de 40 h est devenue la norme légale.


C’est en 1973 que l’on manifeste pour la première fois dans les rues de Québec à l’occasion de la journée internationale des travailleurs et des travailleuses. Auparavant, les syndicats préféraient souligner la Fête du travail. Photo : Le Soleil.

Le 1er Mai à Québec

C’est en 1973, dans la foulée du front commun et de l’emprisonnement des leaders des centrales, que le mouvement syndical québécois décide pour la première fois de souligner le 1er Mai par des manifestations. L’objectif est de dénoncer la répression antisyndicale et de célébrer les luttes en cours.

À Québec, c’est le conseil central qui prend l’initiative de l’organisation, en collaboration avec la CEQ (aujourd’hui la CSQ). Selon l’article que Le Soleil consacre à l’évènement, la manifestation a réuni de 2 à 3 000 personnes en basse-ville et s’est terminée devant le 155, Charest Est par des feux d’artifice, un feu de joie (avec les pancartes) et… un bal. Les pompiers sont rapidement intervenus et le tout s’est déplacé à l’intérieur, dans l’édifice de la CSN, qui comptait alors une grande salle.

La manifestation du 1er mai 1973, vue du toit du 155 Charest Est. Il s’agit de la première célébration syndicale et populaire de la Journée internationale des travailleuses et des travailleurs de l’histoire à Québec. Photo : archives du Soleil.

Le Premier Mai a par la suite été souligné de diverses façons au fil des ans à Québec que ce soit par des tournées de syndicats en conflits, des fêtes, des rassemblements sur l’heure du dîner ou par des manifestations avec des groupes communautaires. C’est l’occasion de mesurer le chemin parcouru par les travailleuses et les travailleurs et du chemin qui reste à parcourir dans la longue marche pour l’émancipation.


Extrait du numéro de mai 2020 du journal Le Réflexe

Inquiétude et confusion pour les locataires

Jonathan Carmichael, à l’époque pas si lointaine où il avait encore accès à son bureau dans les locaux du BAIL… Photo : archives CCQCA

Droits sociaux

Inquiétude et confusion pour les locataires

La situation du logement à Québec n’était déjà pas rose et la crise sanitaire ne vient pas améliorer les choses, semant inquiétude et confusion chez les locataires. Le Réflexe s’est entretenu avec Jonathan Carmichael, du Bureau d’Animation et Information Logement du Québec Métropolitain (BAIL), pour faire le point.

Par Nicolas Lefebvre Legault, conseiller à l’information


Une crise dans la crise

La Ville de Québec, comme la plupart des villes de la province, était déjà plongée dans une crise du logement lorsque la crise sanitaire a frappé. « On avait vu un resserrement des taux d’inoccupation lors de la publication du rapport de janvier de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) », révèle Jonathan Carmichael. Alors que le taux d’équilibre se situe à 3 %, le taux d’inoccupation de la Ville de Québec se situe actuellement à 2,4 % et chute même sous les 2 % dans les quartiers centraux. « C’est la troisième année de suite que les taux baissent, ça fait longtemps qu’on n’avait pas vu ça », explique le militant pour le droit au logement.

La crise du logement fait en sorte que la pression est grande sur les locataires. « Les loyers à louer sont très chers, on ne voit quasiment plus de quatre et demi en bas de 1 000 $ dans Saint-Roch », explique Jonathan Carmichael, « les loyers restent très élevés et augmentent plus vite que l’inflation ». Dans ce contexte, toute perte de revenu fragilise des ménages déjà sur la corde raide.

Les expulsions sur pause

Heureusement, après une valse-hésitation, le gouvernement Legault a décidé de décréter que tout jugement résultant en l’expulsion, la reprise d’un logement ou l’éviction d’un locataire est suspendu pour le temps de l’état d’urgence sanitaire. De même, comme toutes les audiences à la Régie du logement sont suspendues, sauf pour les extrêmes urgences, les expulsions sont pour ainsi dire sur pause.

Jusqu’à maintenant, le BAIL n’a pas reçu plus d’appels que d’habitude après le 1er avril. « Il est trop tôt pour savoir si les propriétaires ont choisi d’écouter François Legault et d’être compréhensifs avec les locataires pour le paiement de loyer », croit Jonathan Carmichael, « il y a toujours des délais avec les non-paiements de loyers, c’est lorsque la Régie du logement reprendra ses activités que nous verrons si les choses se sont bien passées ».

Un 1er juillet incertain

La crise sanitaire a frappé en plein dans la période de renouvellement des baux. Normalement, les gens qui ne renouvellent pas leur bail se cherchent un logement à cette période. « Il règne une grande confusion autour de la question de la visite des logements », déplore Jonathan Carmichael, « le gouvernement déconseille les visites de logement, mais ne les interdit pas ». Cette situation créée beaucoup d’inquiétude chez les locataires. Les associations de locataires ont demandé une extension des baux d’une durée équivalente à la durée de l’état d’urgence sanitaire, sans succès jusqu’à maintenant. Un dossier à suivre.


Logement

Questions /réponses sur la Covid-19

Le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ), le regroupement national du BAIL, a publié sur son site une foire aux questions concernant la Covid-19, on peut la consulter à https://rclalq.qc.ca/ 


Extrait du numéro de mai 2020 du journal Le Réflexe

Journée internationale des travailleuses et des travailleurs

Journée internationale des travailleuses et des travailleurs

Solidaires plus que jamais!

Québec, le 30 avril 2020 – À l’occasion de la Journée internationale des travailleuses et des travailleurs demain, le Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches (CSN) tient à souligner le travail et l’apport exceptionnel des travailleuses et des travailleurs sous la thématique « Solidaires plus que jamais ! »

Dans le contexte de la pandémie qui nous frappe depuis maintenant sept semaines, nous tenons à saluer bien bas le travail de toutes celles et ceux, autant du secteur privé que public, qui doivent se présenter au travail chaque jour. « L’énergie et la détermination des hommes et des femmes à travers notre région, voire le Québec, afin de répondre à nos besoins élémentaires sont inspirantes », souligne Ann Gingras, présidente du conseil central. « Ils le font souvent malgré leurs propres craintes pour leur santé, même pour leur vie. Vous êtes véritablement des héros. »

Bien que cette crise nous ait contraints d’annuler toute forme de rassemblement à l’occasion du 1er mai, il est tout à fait de mise de rendre hommage à ces personnes d’exception. C’est dans des moments comme ceux que nous vivons que nous découvrons véritablement que les travailleuses et les travailleurs sont les piliers de la société. Le conseil central publiera d’ailleurs un journal spécial sur ses réseaux sociaux comportant des témoignages de ces personnes provenant de différents secteurs d’activités. Le journal sera disponible sur notre site Web ainsi que notre Facebook.

« Nous devons poursuivre nos efforts pour les travailleuses et travailleurs qui ont perdu leur emploi ou qui ont vu leur prestation de travail fondre comme neige au soleil. Plus que jamais, nous devons être solidaires les uns des autres. La crise qui secoue le monde entier rappelle l’importance de pouvoir garantir à chacune et à chacun un filet social mettant de l’avant l’humain avant le profit », conclut la présidente.

Fondé en 1918, le Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches (CSN) regroupe les syndicats CSN sur le territoire de la Capitale-Nationale et de la région de Chaudière-Appalaches. Il représente 240 syndicats et plus de 45 000 membres dans tous les secteurs d’activité.

Résidences Le Tremplin, le gouvernement doit corriger une injustice

Source : Google Map

Résidences Le Tremplin

Le gouvernement doit corriger une injustice

Québec, 28 avril 2020. – La présidente du Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches (CSN) interpelle le gouvernement Legault pour corriger une injustice aux Résidences Le Tremplin. En effet, le personnel régulier de ces résidences ne reçoit pas la « prime Covid », alors que des employé-es prêtés par le CISSS-CA la reçoivent. « On est face à un deux poids, deux mesures inacceptable », juge la présidente du conseil central, Ann Gingras.

Les deux résidences Le Tremplin, au Lac-Etchemin et à Saint-Prosper, sont des OSBL parallèles au réseau public. « Les résidences ont été mises sur pied pour accueillir des personnes vivant avec un traumatisme crânien ou un handicap physique et leur offrir un milieu de vie plus adapté qu’un CHSLD », explique Gilles Gagné, président du Syndicat des centres d’hébergement privés de la région de Québec (CSN). Le personnel y gagne des salaires moins élevés que dans le secteur public, à savoir un maximum de 17,29 $ de l’heure pour une personne préposée aux bénéficiaires au sommet de l’échelle salariale.

Depuis toujours, le CISSS de Chaudière-Appalaches envoie du personnel du réseau pour prêter main-forte. « Le réseau public aide à encadrer les soins dans les résidences, c’est une excellente chose, mais ça créé des injustices, notamment parce que ces personnes sont bien mieux payées que le personnel des résidences », explique Lucie Langlois, vice-présidente régionale de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN).

Que le personnel régulier, qui possède l’expérience et l’expertise, soit moins bien payé que le personnel venu prêter main-forte est un non-sens. « La moindre des choses serait d’accorder au personnel du Tremplin la même « prime Covid » qui s’applique partout puisque ces personnes travaillent auprès d’une clientèle qui était en CHSLD avant d’avoir accès aux résidences », pense Ann Gingras, « ça permettrait de corriger une injustice flagrante ».