Page 52 of 138

Premier mai : sortons de la crise ensemble, en santé et en sécurité

La manifestation était organisée par une coalition d’organisations communautaires, syndicales et étudiantes

Manifestation régionale du Premier mai

Sortons de la crise ensemble, en santé et en sécurité

Québec, 1er mai 2021. – « La crise que nous traversons n’est pas seulement sanitaire, elle est également sociale, économique et environnementale. La Journée internationale des travailleuses et des travailleurs doit être l’occasion de revendiquer des mesures pour que l’on puisse sortir de la crise ensemble, en santé et en sécurité, » ont déclaré les porte-paroles d’une coalition d’organisations communautaires, syndicales et étudiantes qui organisait cette année la manifestation régionale du 1er mai.

Les manifestant-es, réunis à compter de 13 h à la Gare du Palais, ont entrepris à 13 h 30 une marche dans le quartier Saint-Roch qui les a mené devant plusieurs lieux symboliques propres à revendiquer l’amélioration de notre filet de sécurité sociale. Plus spécifiquement, la manifestation revendiquait une réforme de l’assurance-emploi, des modifications majeures au projet de loi 59 (SST), actuellement piloté par le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Jean Boulet, et un rehaussement d’urgence des prestations d’aide sociale.

Pour une réforme de l’assurance-chômage

Des militant-es d’Action Chômage de Québec.

S’il y a une chose que la crise sanitaire a illustrée de façon éclatante, c’est que le régime d’assurance-emploi était dysfonctionnel. Tellement que le gouvernement fédéral a choisi de créer un programme de toutes pièces afin de permettre aux travailleuses et aux travailleurs ayant perdu leur emploi à cause de la pandémie d’obtenir une aide. « Normalement, seulement 40 % des travailleurs et des travailleuses ont droit à des prestations d’assurance-chômage en cas de perte d’emploi, » rappelle Héloïse Varin, coordonnatrice d’Action Chômage de Québec; « et quand ils et elles arrivent à se qualifier, la couverture est, le plus souvent, bien insuffisante. » La coalition revendique donc que les changements temporaires apportés à l’assurance-chômage deviennent permanents afin que toutes les travailleuses et tous les travailleurs soient protégés adéquatement en cas de perte d’emploi.

Contre les reculs en santé et sécurité au travail

Ann Gingras. Photo : CSN

L’Assemblée nationale étudie actuellement le projet de loi 59 qui vise à « moderniser » le régime québécois de santé et sécurité au travail. Déposé en octobre dernier par Jean Boulet, le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, le projet a été critiqué de toutes parts par les syndicats, les groupes communautaires et les spécialistes du domaine. « Au lieu de s’inspirer de ce qui fonctionne bien et de l’étendre à tous les secteurs de l’économie, le projet de loi 59 impose des reculs inacceptables en matière de prévention qui dépendra dorénavant du bon vouloir des employeurs, » dénonce Ann Gingras, présidente du Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches (CSN). « De plus, alors que les travailleuses et travailleurs victimes d’un accident de travail doivent déjà affronter un mur de contestations de la part des employeurs et de la CNESST, le projet de loi viendrait réduire davantage l’accessibilité. » Le ministre a même osé chiffrer les économies qu’il entend faire sur le dos des personnes accidentées ou malades du travail : 4,3 milliards de dollars de façon cumulative. « Ce projet de loi constitue un recul historique pour l’ensemble des travailleurs et des travailleuses du Québec et ne ressemble en rien à une ‘’ modernisation ‘’, » dit Ann Gingras. « Le ministre doit refaire ses devoirs en mettant les travailleuses et les travailleurs au centre de ses préoccupations. Il est grand temps de se donner les outils et les moyens nécessaires pour vraiment rendre l’ensemble des milieux de travail sains et sécuritaires! »

Pour un rehaussement d’urgence des prestations d’aide sociale

Des militantes de l’ADDS. Photo : Serge Roy

Malgré une crise sanitaire sans précédent, le gouvernement du Québec a fait le strict minimum pour les personnes en situation de pauvreté. « Au Québec, une personne sur dix n’arrive pas à couvrir ses besoins essentiels, » rappelle Roxane Blanchet, militante salariée à l’Association de Défense des Droits Sociaux (ADDS) de la Rive-Sud. Cette situation, en plus d’être intolérable sur le plan humain, ne présente pas d’économie réelle pour l’État, au contraire… « En maintenant des dizaines de milliers de Québécois et de Québécoises sous le seuil de pauvreté, ce sont nos services de santé et de sécurité sociale qui débordent et qui n’arrivent plus à répondre aux demandes d’aide des personnes de plus en plus vulnérables, » dit-elle. Pour les travailleurs et travailleuses qui se retrouvent à l’aide sociale, la situation devient plus souvent qu’autrement un piège dans lequel on s’enfonce plutôt qu’un tremplin pour rebondir vers le marché du travail. Alors que la prestation de base à l’aide sociale couvre à peine 42 % des besoins essentiels, la coalition revendique un rehaussement d’urgence des prestations d’aide sociale.

Éviter le pire

Les crises qui suivront la crise de la COVID-19 seront d’ordre économique et environnemental selon la coalition. Elles ne pourront pas être réglées par un vaccin et bouleverseront davantage nos conditions de vie. « En période de crise, ce sont les personnes les plus vulnérables qui sont touchées de plein fouet. C’est maintenant qu’il faut rebâtir notre filet social afin d’empêcher quiconque de basculer dans la pauvreté! » ont conclu les trois porte-paroles.

À propos

La manifestation régionale du 1er mai est organisée par une coalition de groupes dont Action Chômage de Québec, l’ADDS Rive-Sud, la CEVÈS, le Comité populaire Saint-Jean-Baptiste, le Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches (CSN), le ROC 03 et le RÉPAC 03-12.

Baie-Saint-Paul | Réaction syndicale au rapport d’enquête

L’Hôtel de ville de Baie-Saint-Paul (source: Google Street View)

Baie-Saint-Paul

Réaction syndicale au rapport d’enquête

Baie-Saint-Paul, 29 avril 2021. – « Il n’est pas dans nos habitudes de plaider sur la place publique mais nous nous devons de réagir à certaines affirmations récentes de la partie patronale dans le cas d’une enquête sur des accusations de harcèlement psychologique à la Ville de Baie-Saint-Paul, » a déclaré Ann Gingras, présidente du Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches (CSN).

Face à un climat de travail très préoccupant, et ce, depuis fort longtemps, le Syndicat des employé-es de la Ville de Baie-Saint-Paul (CSN) a dénoncé la situation lors d’une rencontre du comité des relations de travail le 20 janvier dernier. Un grief fût déposé par la suite, le 22 janvier, concernant du harcèlement psychologique. C’est en réaction à cette action que la municipalité a choisi de mener une enquête. La partie syndicale n’a pas été consultée, ni sur le processus, ni sur le choix de l’enquêteur.

« Il n’y a pas eu de consultation, c’est une action unilatérale, ce n’est pas un processus consensuel, » précise Ann Gingras. Selon elle, il s’agit d’un travail bâclé. « La liste des témoins a été épurée, plusieurs personnes n’ont pas été interrogées, c’est une enquête peu crédible, » révèle la présidente du conseil central. « Quand tu ne cherches pas la vérité, tu ne la trouve pas et c’est manifestement ce qui est arrivé. »  De plus, les pistes de solution amenées reposent sur un programme déjà existant à la municipalité.

Le Syndicat des employé-es de la Ville de Baie-Saint-Paul (CSN) se désole de voir que des salariés sont montrés du doigt pour avoir dénoncé la situation dans les médias. « Il faut les comprendre. Ça a été un processus long et extrêmement éprouvant. L’employeur nous a informé le 29 janvier qu’il nommait un enquêteur, ensuite nous n’avons eu aucune nouvelle et le mauvais climat de travail était dur à supporter, » explique le président du syndicat, Gaétan Boivin. « Il y avait beaucoup de détresse psychologique; j’ai vu du monde complètement défaits et la Ville ne faisait rien pour les rassurer. C’est parce qu’ils ne voyaient pas de volonté de bouger du côté de la Ville que les gens sont sortis. Nous aurions grandement souhaité le dialogue nous aussi M. le Maire. »

Une version du rapport d’enquête, dont les conclusions ont été caviardées, a été transmise à la partie syndicale plus d’un mois après sa réception par la municipalité. Les conclusions du rapport qui sont restreintes aux travaux publics sont très choquantes.

Selon le syndicat, l’action unilatérale de la Ville de Baie-Saint-Paul ne le dégage pas de ses obligations syndicales. « On va poursuivre notre travail de notre côté, pour nous ça ne règle pas le dossier, il y a des griefs qui ont été déposés qui vont au-delà des travaux publics. Le processus suivra son cours, » rappelle Gaétan Boivin. « Ce sera à un arbitre de grief de déterminer s’il y a eu harcèlement psychologique ou pas. Ce que les gens veulent c’est être respectés, est-ce trop demander? »

La partie syndicale n’émettra pas d’autres commentaires.

Les membres du syndicat d’Olymel Vallée-Jonction déclenchent la grève générale illimitée

Les membres du syndicat d’Olymel Vallée-Jonction déclenchent la grève générale illimitée

Excédés par le manque de respect à leur égard de la part de leur employeur, les membres du Syndicat des travailleurs d’Olymel Vallée-Jonction–CSN (STOVJ) ont déclenché la grève générale illimitée hier matin, à 9 h.

« Ce n’est pas nouveau, tout ceci est connu du public, les relations avec notre employeur sont tendues depuis très longtemps. Les travailleuses et les travailleurs de Vallée-Jonction sont demeurés au front tout au long de la pandémie actuelle et ont maintenu la production, parfois même au péril de leur santé. Alors que nous avions déposé nos demandes salariales le 19 avril dernier, l’employeur s’était engagé à nous revenir cette semaine avec un dépôt global, incluant les clauses normatives et celles à incidences financières. Non seulement il a demandé la conciliation avant même que nous ayons eu un retour sur notre dépôt du 19 avril dernier, mais il refuse maintenant de nous rencontrer aux dates qui étaient prévues et, surtout, de respecter sa parole de nous revenir globalement sur nos demandes tel que promis », de déplorer Martin Maurice, président du STOVJ.

Depuis 2015, plus de 1800 personnes ont été engagées chez Olymel Vallée-Jonction et près de 1700 salarié-es ont quitté leur emploi.

« Malgré l’important engagement des salarié-es en ces temps de pandémie, l’employeur ne démontre pas la moindre reconnaissance envers eux. Fidèles à leurs habitudes, les représentants d’Olymel ont déposé des demandes normatives imprécises, ce qui fut reçu comme une gifle en plein visage pour le syndicat. Or, l’employeur sait très bien qu’il fait face à un important problème de rétention de la main-d’œuvre dans ses usines ; pour le syndicat, il faut améliorer les conditions générales d’emploi pour corriger ce problème récurrent. Dans un sondage réalisé auprès des membres, plusieurs salarié-es ont déjà signifié leur désir de quitter l’usine si la négociation actuelle n’améliore pas substantiellement leurs conditions de travail. Nous souhaitons vivement que le message du syndicat se rende au siège social de l’entreprise afin que la haute direction en prenne acte », de conclure Alexandre Boileau-Laviolette, président de la Fédération du commerce–CSN.

Le Syndicat des travailleurs d’Olymel Vallée-Jonction représente environ 1050 membres. Il est affilié à la Fédération du commerce-CSN, qui compte 30 000 membres regroupés au sein de 360 syndicats œuvrant dans les domaines du commerce de gros et de détail, de l’agroalimentaire, de la finance et du tourisme, et au Conseil central de Québec-Chaudière-Appalaches–CSN, fondé en 1918, regroupe les syndicats CSN sur le territoire de la capitale nationale et de la région de Chaudière-Appalaches. Il représente quelque 240 syndicats et près de 45 000 membres issus de tous les secteurs d’activité.

Mot de la présidente | Innovation et résilience sont de mise

Mot de la présidente

Innovation et résilience sont de mise

Après plus d’un an en pandémie, je n’ai vraiment pas le goût de parler COVID et tout le reste. Je suis convaincue que vous n’avez pas plus envie d’en entendre parler. Parlons-nous plutôt d’innovation et de résilience.

Malgré les consignes sanitaires, nous avons tous et toutes fait preuve d’innovation dans le cadre de la vie syndicale. Rejoindre les membres, se partager l’information, se mobiliser, s’indigner… autrement. Alors que le gouvernement Legault croyait pouvoir nous glisser sous le nez, tout doucement, une réforme indigeste au niveau de la santé-sécurité au travail, les nombreuses actions à travers le Québec ont démontré le contraire.

D’ailleurs, nous vous invitons à nous rejoindre en grand nombre, le mercredi 28 avril dès 9 h 30 devant le Centre des congrès de Québec. Nous nous rendrons devant l’Assemblée nationale pour rejoindre les membres de la FTQ et de la CSQ. Sur le coup de 10 h, une minute de silence sera observée à la mémoire de ceux et celles qui ont perdu la vie en essayant de la gagner. Ensuite, nous ferons entendre haut et fort notre colère envers le ministre Boulet et son projet de loi 59. Les attaques sont majeures, notre riposte doit être à la hauteur. Le ministre Boulet se plait à répéter ad nauseam que les syndicats sont en accord avec le projet de loi. À nous de le démasquer en étant nombreux et nombreuses mercredi. 

Les membres des exécutifs des syndicats locaux ont surtout fait preuve de résilience et d’innovation. Les luttes sont nombreuses. Des conventions collectives ont été renouvelées et plusieurs sont en préparatif en vue du renouvellement. Du côté des travailleuses et des travailleurs du secteur public, près de 50 assemblées se déroulent actuellement jusqu’au 10 mai afin de se doter d’un mandat de grève. Alors que les conventions collectives sont échues depuis le 31 mars 2020 et que la négociation est en cours depuis maintenant plus de deux ans, le tout piétine. Malgré les bons mots du premier ministre lors de ses points de presse, cela ne se traduit pas concrètement à la table de négociation. Les politiques d’austérité ont grandement fragilisé, au fil du temps, nos services publics. La pandémie en rajoute. Ce sont les femmes et les hommes qui y œuvrent au quotidien qui tiennent les réseaux à bout de bras. À nous d’appuyer solidairement cette lutte pour le respect et la reconnaissance!

Nous vous convions également à la marche du 1er mai samedi. Apportez vos bannières de syndicat, ce sera un moment propice pour se faire voir et entendre. D’ailleurs, le président de la CSN, Jacques Létourneau, sera des nôtres. Il s’agit d’un rendez-vous à compter de 13 h à la Gare du Palais.

En terminant, alors que le conseil central a souligné ses 100 ans il y a déjà trois ans, ce sera cette année au tour de la CSN. Le coup d’envoi pour le centenaire de notre centrale se fera ici-même, dans notre région, avec le syndicat le plus vieux à la CSN : le Syndicat des employés du transport public du Québec métropolitain inc. (CSN) qui affiche l’âge vénérable de près de 115 ans. L’histoire se poursuit malgré le contexte et c’est tout à votre honneur.

Je vous souhaite, à tous et toutes, un bon 1er mai tout à fait solidaire!


Extrait du journal de mai 2021 du journal Le Réflexion

Mot de la vice-présidente | Traitement 2 vitesses!

Mot de la vice-présidente | Traitement 2 vitesses!

Saviez-vous que les cadres des réseaux de la santé, des services sociaux et de l’éducation ont droit à une augmentation de salaire pouvant aller jusqu’à 6 %, et ce, à chaque année sans même la demander? Ces augmentations, prévues dans les divers décrets des cadres du secteur public, leurs sont autorisées par leur supérieur immédiat.

Par Barbara Poirier, vice-présidente

En comparaison, les augmentations des travailleuses et des travailleurs du secteur public doivent être négociées lors du renouvellement de leurs conventions collectives. Les dernières « offres » du Conseil du Trésor sont de l’ordre de 5 %… sur 3 ans! Convenons-en, c’est insultant.

Comment peut-on expliquer cela à ceux et celles qui ont tenu les réseaux à bout de bras dans la dernière année? Qu’est-ce que ces cadres ont fait DE PLUS que les « simples employé-es » pour mériter une telle reconnaissance salariale? La question est parfaitement légitime, particulièrement en cette année de pandémie, alors que les réseaux étaient gérés non par les cadres mais par des arrêtés ministériels.

C’est profondément frustrant de devoir se battre pour une reconnaissance salariale juste et amplement méritée; devoir sortir tambours, pancartes, trompettes et envisager sérieusement avoir recours au moyen ultime, la grève, afin d’améliorer nos conditions de travail et assurer la survie des services publics qui s’écroulent sous nos yeux.

Alors que des milliers de travailleuses et de travailleurs tiennent encore les réseaux à bout de bras, pourquoi le gouvernement les force-t-il à quémander? Les cadres, eux, ne quémandent jamais. Ils reçoivent simplement, au bon vouloir de leur supérieur immédiat, un 4 à 6 % d’augmentation, chaque année. C’est tellement grossier.

La démonstration de la valeur de l’apport des travailleuses et travailleurs des services publics n’est plus à faire. La dernière année, plus particulièrement, l’a amplement démontrée.

Leur engagement, leur dévouement et leurs sacrifices valent certainement autant, sinon plus, que ce qui est attribué aux gestionnaires. Parce que soyons honnêtes : 4 à 6 % de 150 000 $ par année (6 000 à 9 000 $) pour chacun des cadres, c’est pas mal plus généreux que 5 % du salaire d’une travailleuse ou d’un travailleur sur 3 ans…

Lorsque ces travailleuses et ces travailleurs seront dehors, pancartes à la main, épuisés d’une longue année de pandémie mais néanmoins unis pour revendiquer de meilleures conditions de travail : j’espère que la population se souviendra de ces gestionnaires assis dans leurs bureaux qui n’ont jamais eu besoin de quémander. J’espère qu’en retour de politesse, plutôt qu’un arc-en-ciel défraîchi, nous encouragerons ces « anges-gardiens » qui ont été là à chaque instant, pour nous, dans toutes les sphères des services publics.


Extrait du numéro de mai 2021 du journal Le Réflexe