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Chronique historique | La grève de l’amiante (1949)

La grève de l’amiante (1949)

Le 14 février 1949, quelque 2 000 mineurs d’amiante de la Canadian Johns-Manville Company tombent en grève à Asbestos. La veille, Gérard Picard, le président de la Confédération des travailleurs catholiques du Canada (la CTCC, l’ancêtre de la CSN), avait demandé aux mineurs de laisser une dernière chance à la négociation, ce que les 3 000 ouvriers de Thetford Mines venaient de lui accorder. Ceux d’Asbestos en ayant décidé autrement, les mineurs de Thetford Mines leur emboîtent le pas le lendemain. C’est le début de la grève de l’amiante. Elle durera quatre mois et marquera une génération.

Par Nicolas Lefebvre Legault, conseiller à l’information

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Féminisme : la CSN n’a pas à rougir de son bilan

Féminisme : la CSN n’a pas à rougir de son bilan

« Est-ce qu’il y a encore un terrain à occuper, d’autres victoires à conquérir ? Oui, bien sûr, mais on n’a pas à renier notre passé ni à rougir des gains obtenus grâce à l’action syndicale », a martelé Claudette Carbonneau, première femme présidente de la CSN, lors d’un dîner-conférence sur le thème du « féminisme dans le syndicalisme » tenu à Québec, le 9 avril dernier.

Par Nicolas Lefebvre Legault, conseiller à l’information


Claudette Carbonneau, première femme présidente de la CSN (de 2002 à 2011)

Selon Claudette Carbonneau, on fait parfois un mauvais procès au féminisme tel que vécu à la CSN. « On aurait des approches bourgeoises, laissant de côté les femmes les plus vulnérables et marginalisées, et notre action serait corporatiste », illustre la militante, qui trouve manifestement l’accusation injuste, et dont l’essentiel de l’intervention a visé à rétablir les faits.

« Tout d’abord, il faut dire que le féminisme est un grand mouvement social qui a permis des gains spectaculaires dans les cinquante dernières années, explique Claudette Carbonneau. Il faut le reconnaître parce que c’est important, mais en même temps, il faut comprendre que les acquis sont fragiles et peuvent toujours être remis en question. »

Selon l’ancienne présidente de la CSN, le féminisme à la confédération repose sur trois piliers essentiels. Premièrement, la centrale a toujours lutté contre toutes les sortes de discrimination : c’est la base. Deuxièmement, la présence des femmes et leur organisation spécifique au sein de la CSN ont de tout temps été un point central, sans que l’action féministe soit marginalisée ; les revendications et les luttes ont toujours cheminé dans les instances, par exemple les assemblées générales et les congrès. Troisièmement, la CSN préconise l’approche la plus large possible, c’est-à-dire unifier les luttes et investir tous les terrains en priorisant les actions à portée collective.

En reprenant plusieurs dossiers féministes majeurs menés par la CSN, Claudette Carbonneau entendait prouver que cette approche a permis de servir les intérêts autant des hommes que des femmes, y compris les plus vulnérables. « En matière d’équité salariale, par exemple, nous avons gagné l’adoption de la loi qui a l’approche la plus large et englobante de tout le Canada », explique Claudette Carbonneau, qui précise que la loi vise tant le secteur public que privé, les employé-es syndiqués ou pas. Pour la militante, elle a eu des effets majeurs dans la lutte contre la pauvreté. « Dans nos rangs, ça a permis d’améliorer le sort des groupes parmi les plus vulnérables, que ce soit les femmes de chambre dans l’hôtellerie, le personnel du réseau de la santé ou encore les éducatrices des services de garde en centres de la petite enfance [CPE] ou dans le milieu scolaire. »

« Dans le cas des centres de la petite enfance, on a réussi à améliorer les conditions de travail des travailleuses [et des travailleurs] en les syndiquant ; c’était l’objectif, en plus d’améliorer les conditions de vie pour toute la population en créant un réseau de services de garde, raconte Claudette Carbonneau. On a permis de faire apparaître et développer un nouveau métier pour accomplir une tâche socialement utile, issu d’une formation collégiale et assurant une qualité de service. » Est-ce que cette bataille féministe a eu des répercussions sur des groupes particuliers ? « Ça a permis un fort retour des femmes sur le marché du travail ; ça a servi des mères monoparentales et des familles défavorisées composées de petits salarié-es ; ça a permis le développement de services sur l’ensemble du territoire québécois ; et pour les responsables de services de garde en milieu familial, ça a permis de conquérir des droits qui étaient niés », répond l’ancienne présidente. Elle souligne d’ailleurs que même dans le cadre des négociations collectives des éducatrices en CPE, la CSN s’est fait un point d’honneur de s’assurer que la nouvelle échelle salariale, le régime de retraite et l’équité salariale s’appliquent aussi aux travailleuses et travailleurs non syndiqués.

Le même constat vaut pour les congés parentaux ainsi que d’autres combats féministes menés par la CSN. « Nos grands piliers sont toujours aussi pertinents qu’avant, conclut Claudette Carbonneau, on doit continuer de s’investir dans le mouvement des femmes pour élargir la solidarité et s’allier les hommes afin d’embrasser les perspectives les plus vastes. » Ce ne sont pas les revendications qui manquent : les acquis, l’équité salariale et les centres de la petite enfance par exemple, doivent être préservés et améliorés. Plusieurs batailles sont encore à mener, comme celle pour le salaire minimum à 15 $ l’heure ou celle pour l’obtention de mesures pour combattre le harcèlement et les agressions sexuelles.

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Extrait du numéro de mai 2019 du journal Le Réflexe

Victoire pour Marlène Ross !

Dans une décision rendue le 18 février, le Tribunal administratif du travail a ordonné à la Résidence Charlesbourg de réintégrer Marlène Ross à son poste. La militante, qui s’était blessée durant les Fêtes, effectue actuellement un retour progressif au travail à raison d’une journée semaine. « Le retour se passe bien ; notre résidence est en processus de vente et ça va bien avec la personne qui veut la racheter », explique Marlène Ross au Réflexe.

Par Nicolas Lefebvre Legault, conseiller à l’information


Congédiement pour activité syndicale

Marlène Ross, lors d’une manifestation d’appui organisée le 15 novembre dernier.

Rappelons que cette travailleuse, membre du comité exécutif du Syndicat des travailleuses et des travailleurs des centres d’hébergement privés de la région de Québec (CSN) et du comité de négociation provincial du secteur, avait été congédiée pour la troisième fois par son patron le 6 novembre dernier à cause de ses activités syndicales. La décision rendue lui donne raison sur presque toute la ligne. « M. Gancz [le propriétaire] était en mission pour faire la vie dure à Mme Ross, et ce, en raison de ses activités syndicales. Il la perçoit comme un élément négatif dont il désire manifestement se débarrasser », écrit le juge administratif Christian Drolet.

« Je travaille à la Résidence Charlesbourg comme cuisinière depuis 19 ans ; je n’avais jamais eu de problèmes avant qu’elle ne soit rachetée par le propriétaire actuel, il y a 13 ans », explique Marlène Ross. Herman Gancz, le propriétaire, a vraiment tout essayé pour se débarrasser du syndicat et de sa déléguée. « J’ai été congédiée deux fois et l’on a aboli mon poste deux fois ; j’ai aussi été rétrogradée, on a installé des caméras sur mon poste de travail et j’ai subi toutes sortes de représailles dans le but de me faire démissionner », raconte la militante, qui affrontait son patron cet hiver pour la cinquième fois au Tribunal administratif du travail. « Au début, je croyais qu’il finirait par en tirer des leçons, mais non, il y a toujours quelque chose. J’imagine qu’il aime ça payer [elle a eu gain de cause à chaque fois]. »

Il faut se tenir debout

« Moi, j’ai un peu une “tête de cochon” ; à la longue, ça devient dur moralement, mais il n’était pas question que je me laisse faire, explique Marlène Ross, je suis quelqu’un qui aime aller au front et me battre. » La militante déplore toutefois qu’au fil des ans, le patron ait eu raison de la majorité de ses anciennes collègues de travail. « La plupart des gens ont fini par partir ; je peux comprendre, mais moi, le message que j’envoie, c’est qu’il faut se tenir debout et se défendre, on ne peut pas laisser faire des employeurs qui abusent comme ça », conclut Marlène Ross.

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Extrait du numéro de mai 2019 du journal Le Réflexe

Vers un vote de grève à l’Université Laval

Les chargé-es de cours ont manifesté bruyamment sur le campus, le 25 mars dernier, pour appuyer leur comité de négociation.

Vers un vote de grève à l’Université Laval

(NLL) La patience des chargé-es de cours de l’Université Laval est mise à rude épreuve: leur convention collective est échue depuis le 1er janvier 2017 et plusieurs points restent encore à régler. Après avoir multiplié les actions de visibilité et de mobilisation cet hiver, le syndicat a inclus un vote de grève à l’ordre du jour de l’assemblée générale du 12 avril [au moment d’écrire ces lignes, l’assemblée n’avait pas encore eu lieu].


Christine Gauthier, présidente du Syndicat des chargées et chargé de cours de l’Université Laval (SCCCUL-CSN), lors d’un rassemblement en marge d’une séance de conciliation, le 8 avril dernier.

« Il y a encore plusieurs points qui achoppent », nous explique Christine Gauthier, présidente du Syndicat des chargées et chargés de cours de l’Université Laval (SCCCUL-CSN). « Sur la question salariale, par exemple, on n’est pas du tout sur la même longueur d’onde, alors que nous demandons un rattrapage salarial rétroactif [les chargé-es de cours de l’Université Laval traînent un retard historique]. »

Autres points en litige: la clause de réserve et l’aide pédagogique. La clause de réserve permet à l’université de réserver un certain pourcentage des cours qui ne sont pas donnés par les professeur-es à d’autres personnes que ses chargé-es de cours. Le syndicat, qui ne conteste pas cette clause, veut toutefois en diminuer la portée et la moduler. « Nous réitérons notre demande de baisser la clause de réserve à 12% pour redonner des cours à nos membres, explique Christine Gauthier, et l’on veut s’assurer que ces cours soient donnés majoritairement par des étudiant-es, et non par d’autres catégories de personnel. » Quant à l’aide pédagogique, par exemple l’aide pour la correction, le syndicat demande qu’elle soit bonifiée pour tenir compte de la nouvelle réalité de l’enseignement, notamment les grands groupes et la formation à distance.

Dans les derniers mois, le syndicat des chargé-es cours a intensifié sa mobilisation et multiplié les activités de visibilité en appui à la négociation. Comité d’accueil lors de rencontres du conseil universitaire, campagne de publicité, recherche d’appui auprès des alliés de la communauté universitaire, manifestations sur le campus et assemblées nombreuses: rien ne fut négligé. « Il est temps d’augmenter la pression d’un cran, croit la présidente, c’est pourquoi nous avons mis un vote de grève à l’ordre du jour de notre prochaine assemblée générale. »

Entre-temps, la négociation se poursuit à l’Université Laval; des dates sont prévues à la mi-avril, après le vote de grève. « Le comité de négociation et le conseil exécutif vont évaluer l’état des lieux en lien avec ces journées de négociation et vont décider de la suite du plan d’action », conclut la présidente.

Les chargé-es de cours en chiffres

1 600 chargé-es de cours ont un lien d’emploi

700 chargé-es de cours à la session d’hiver 2019

140 disciplines dans 57 départements

35 % des cours à l’université

5 % du budget de fonctionnement

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Extrait du numéro de mai 2019 du journal Le Réflexe